Chaque année, les éditeurs de la revue scientifique The Lancet initient des collaborations avec des chercheurs pour identifier les défis à relever, pathologie par pathologie, à l’échelle internationale, et formuler des recommandations. Le 15 avril, la commission sur le cancer du sein a dévoilé ses conclusions. Parmi les 35 médecins-chercheurs qui ont participé à leur élaboration figurent le Pr Fabrice André ainsi que les Drs Inès Vaz Luis et Maria Alice Franzoi, tous trois rattachés à Gustave Roussy, seule institution française représentée. Leur participation s’est concentrée sur la personnalisation des traitements et sur l’intérêt des outils de santé numérique.
Article en ligne : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)00747-5/abstract
La personnalisation des traitements en oncologie se caractérise par l’analyse des biomarqueurs d’intérêts exprimés par les cellules cancéreuses des patients, pour être en mesure de leur proposer des traitements en fonction de la biologie de leur tumeur. Mais malgré les progrès rapides de la recherche, « la plupart des patientes atteintes d'un cancer du sein à travers le monde continuent d'être traitées selon une approche standardisée », déplorent les auteurs de la commission.
Généraliser la personnalisation de l’oncologie à l’échelle mondiale passe ainsi par un meilleur ciblage des traitements existant, grâce au développement de biomarqueurs d’intérêts accessibles et validés cliniquement, mais également par leur démocratisation, notamment dans le cancer du sein. Cette approche permet aussi d’identifier en amont les femmes dont la biologie tumorale n’exprime pas de biomarqueurs d’intérêts, et chez qui ces traitements sont susceptibles d’avoir plus de toxicités que de bénéfices.
La collaboration de Gustave Roussy à cette commission concerne également l’élaboration de recommandations relatives aux outils de santé numérique, comme la télémédecine, la télésurveillance, ou encore les biocapteurs.
Les outils de santé numérique, dont le recours a augmenté durant la pandémie de Covid-19, sont appelés à jouer un rôle majeur dans les prochaines années. Dans le cadre du cancer du sein, plusieurs études ont déjà prouvé l’utilité d’un suivi à distance lors d’un traitement par chimiothérapie. En plus de faciliter la gestion des toxicités et le suivi à domicile, les outils digitaux peuvent se révéler être de précieux atouts pour la période post-traitement des patientes guéries et l'autogestion.
La commission recommande donc que la santé digitale se démocratise à l’échelle mondiale, pour améliorer l’efficacité des systèmes de soins, tout en soulignant qu’il est primordial que les outils soient développés en collaboration avec les patients. Enfin, la santé numérique peut être envisagée comme un levier pour renforcer le recrutement et la participation des patients aux essais cliniques.
The Lancet
The Lancet Breast Cancer Commission
Article publié le 15 avril 2024
Doi : https://doi.org/10.1016/S0140-6736(24)00747-5