Recherche hospitalo-universitaire
RHU REVEAL : l’intérêt de la biopsie liquide dans le cancer du poumon
Il est l’un des 4 projets innovants et de grande ampleur coordonnés par Gustave Roussy à avoir été sélectionnés pour être financés dans le cadre du 5e appel à projet de l’action Recherche hospitalo-universitaire en santé (RHU) au sein du programme Investissements d’avenir. Son ambition : prédire la rechute et le suivi grâce à la biopsie liquide des patients atteints de cancers du poumon non à petites cellules.
Porté par l’équipe du Professeur Benjamin Besse, oncologue médical, spécialiste de la prise en charge des cancers thoraciques et Directeur de la recherche clinique à Gustave Roussy, le projet REVEAL est mené avec plusieurs partenaires dont un autre centre de lutte contre le cancer - l’Institut de Cancérologie de Montpellier - Unicancer, l’Université Paris Saclay, l’Inserm, CentraleSupélec, ainsi que 2 sociétés de biotechnologies, Stilla® Technologies et Cell Environment, chacun apportant son expertise dans son domaine.
Un programme basé sur la biopsie liquide
Avec une incidence de 46 300 nouveaux cas chaque année en France, un taux de survie à 5 ans très faible et 33 100 décès, le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer.
Le cancer non à petites cellules représente 85 % des cas. Diagnostiqué à un stade précoce, son traitement repose sur la chirurgie et la radiothérapie, parfois associées à la chimiothérapie.
Nouvellement développée, la technique de biopsie liquide qui utilise l’ADN tumoral circulant permet aujourd’hui de rechercher des anomalies génétiques du cancer via une simple prise de sang afin de déterminer si une thérapie ciblée peut être administrée.
Contrairement à l’imagerie scanner, la biopsie liquide est un procédé non irradiant et simple d’accès sur tous les points du territoire.
Un triple objectif pour le diagnostic et le suivi des patients
REVEAL se décline en 3 programmes. Le premier axe vise à évaluer et définir la prochaine génération de tests d’ADN circulant (ou biopsie liquide) pour mesurer avec précision la maladie résiduelle après chirurgie et/ou radiothérapie. La maladie résiduelle correspond à la probabilité pour un patient qu’il persiste, après le traitement d’un cancer localisé, des micro-métastases non détectées au moment du bilan initial. Il s’agit ensuite de démontrer l’efficacité d’un suivi monitoré afin de détecter la survenue d’une rechute précoce, notamment chez les fumeurs alors qu’il n’existe encore aucun indice avec les examens actuels.
Pour aboutir à la mise en œuvre et à la validation d’un outil efficace et ultrasensible prédictif, un essai prospectif, « CANTO Lung » sera mené par Unicancer. Il consistera à recueillir les échantillons sanguins et à suivre durant 4 années 550 patients à un stade précoce de cancer du poumon non à petites cellules dont la tumeur a pu être entièrement enlevée. L’utilisation de l’intelligence artificielle et une approche de machine learning permettront la conception d’un algorithme pour prédire les rechutes et la présence de maladie résiduelle.
Le deuxième programme ambitionne de prédire la sensibilité ou la résistance à l’immunothérapie grâce à des marqueurs biologiques sanguins lorsque la biopsie liquide révèle une rechute moléculaire. La recherche de ces potentiels marqueurs biologiques (immunosénescence, inflammation, phénotypes des neutrophiles) est réalisée sur des échantillons sanguins collectés lors de précédents essais cliniques (REVEAL, PREMIS, PULSE, PERSEE). Elle doit aboutir à un ensemble de biomarqueurs sanguins susceptibles d’être brevetés, puis commercialisés.
Le 3ème axe de REVEAL passe par le développement et la validation d’un test ADN circulant pour le suivi des patients atteints de maladie métastatique. L’intérêt est de comparer un suivi par biopsie liquide à celui effectué aujourd’hui par scanner avec une réponse tumorale évaluée selon les critères RECIST. Les recherches utiliseront les échantillons sanguins, les imageries scanner et les dossiers cliniques des précédentes études menées.