Le programme REMISSION a été sélectionné dans le cadre du 6e appel à projet de l’action Recherche Hospitalo-Universitaire (RHU), rattaché au plan France 2030. Il propose d’utiliser les tissus frais (sang et tumeur) comme source de biomarqueurs afin d’adapter les nouvelles stratégies d’immunothérapies à la biologie des patients et de leur cancer. Ce programme s’inscrit dans les objectifs de Gustave Roussy pour la personnalisation des traitements des patients atteints de cancers.
Piloté par le Pr Aurélien Marabelle, oncologue médical au sein du Département de l’Innovation Thérapeutique et des Essais Précoces (DITEP), chercheur rattaché à l’INSERM (U1015 & CIC1428) et professeur d’immunologie clinique à l’université Paris-Saclay, le RHU REMISSION (Rapid Evaluation of Molecular & Immune Status for Stratified Immunotherapies in ONcology) s’inscrit dans la révolution de l’immunothérapie, qui depuis plus de 10 ans a enclenché un nouveau paradigme en oncologie : ne plus s’attaquer directement aux cellules cancéreuses, mais s’appuyer sur le système immunitaire du patient pour qu’il élimine lui-même la maladie. Auparavant prescrite en deuxième ou troisième ligne de traitement, l’immunothérapie est aujourd’hui employée dès le début de la prise en charge thérapeutique de nombreux cancers.
Renforcer les essais cliniques en immunothérapie
« REMISSION part du constat qu’en recherche clinique, on observe un taux d’échec très élevé avec environ 95 % des nouvelles molécules évaluées, toute pathologie confondue, qui n’aboutissent pas à une mise sur le marché. Pour qu’une immunothérapie se révèle efficace, il est indispensable que la particularité biologique qu’elle vise se retrouve dans l’organisme du malade. Ce taux d’échec résulte en partie du manque de biomarqueurs indicateurs de la présence de la cible au moment où le patient est inclus dans l’essai. Cette problématique s’explique notamment par la mauvaise valeur prédictive et les multiples semaines nécessaires à l’analyse des tissus congelés ou fixés utilisés en routine, ne permettant pas une prise en charge personnalisée des patients », explique le Pr Marabelle.
L’objectif est donc de réduire considérablement le délai d’attente des résultats de l’analyse de tissus biologiques. Pour ce faire, le RHU REMISSION va développer les analyses de tissus frais, qui permettent d’obtenir des données biologiques d’une biopsie ou d’une prise de sang dans les 24 heures suivant sa réception. À terme, cet important travail d’analyse biologique participera à l’élaboration d’une nouvelle classification des cancers métastatiques, non plus centrée sur la localisation ou l’histologie tumorale - cancer du poumon, du pancréas, du rein... - mais sur sa biologie. Les patients seront traités selon les caractéristiques biologiques de leur maladie. Cet important travail de taxonomie sera appuyé par la vaste biobanque clinico-biologique et l’ensemble de données dont dispose Gustave Roussy.
Trois axes majeurs de recherche
Pour répondre à ces objectifs, trois axes de travail sont développés :
- Poursuivre l’identification de biomarqueurs prédictifs
Afin de proposer une meilleure orientation des patients dans les essais cliniques, le RHU REMISSION vise à identifier des biomarqueurs prédictifs d’efficacité ou de résistance thérapeutique. Le Pr Marabelle a déjà contribué à l’approbation aux États-Unis et en Europe d’immunothérapies prescrites en fonction de biomarqueurs (MSI/MMRd et TMB), indépendamment du type de cancer. Avec ses équipes, il vise à renforcer le développement d’une immunothérapie personnalisée.
- Développer l’expertise et les capacités de Gustave Roussy dans l’analyse des tissus frais
L’utilisation de tissus frais – biopsies tumorales et sang total – permet de déployer des techniques sensibles et spécifiques qui sont peu ou pas utilisées en routine clinique. Rendre rapidement les résultats issus de ces analyses nécessite le déploiement de nouvelles capacités techniques et logistiques au sein de Gustave Roussy. Cette activité permettra de fournir rapidement un profil immunologique du patient et de sa maladie. Ce PORTRAIT (Profil Onco-immunologique pour la Recherche de Traitement de Recours Adapté à votre Immunité et à votre Tumeur) permettra d’aider les oncologues à orienter leurs patients vers des cohortes thérapeutiques qui leur sont adaptées.
- Construire une plateforme nationale de recherche bioclinique
Enfin, le RHU REMISSION participera à l’élaboration d’une plateforme nationale de recherche bioclinique, avec deux essais thérapeutiques de type Masters Protocols multicentriques de phase 2. L’objectif sera de tester de manière prospective de nouvelles stratégies d’immunothérapies, chez des patients sélectionnés en fonction de leur PORTRAIT moléculaire et immunologique, et non pas uniquement en fonction de leur histologie. L’essai néo-adjuvant NEOREM concernera des patients atteints d’un cancer localisé et proposant une immunothérapie avant chirurgie. L’essai METAREM se concentrera sur les patients atteints de cancers métastatiques.
Le consortium du RHU REMISSION regroupe plusieurs partenaires, Gustave Roussy, l’université Paris-Saclay, l’Inserm, le Centre de recherche des Cordeliers, CentraleSupélec, Unicancer, la Société française d’immunothérapie du cancer (FITC), ainsi que quatre partenaires industriels : les laboratoires HiFiBiO, PegaOne, ImCheck, et la biotech Veracyte, spécialisée en diagnostic et en biomarqueurs.