ASCO 2023
Bénéfices de la radiothérapie associée à l’abiratérone et au traitement standard dans le cancer de la prostate faiblement métastatique
Un an après avoir livré ses premiers résultats très concluants, l’essai multicentrique PEACE-1, promu par Unicancer et coordonné par Gustave Roussy, montre que l’association d’une radiothérapie de la prostate avec l’abiratérone (hormonothérapie de nouvelle génération) et le traitement standard, améliore la survie sans progression radiologique pour les patients atteints de cancer de la prostate faiblement métastatique. Les résultats de cette nouvelle analyse, présentés à l’ASCO, indiquent que cette « trithérapie » pourrait devenir le traitement de première intention pour ces patients.
Abstract n° 5000 présenté par le docteur Alberto Bossi le dimanche 4 juin
Essai international, multicentrique de phase 3, l’étude PEACE-1 a recruté 1 172 patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique entre 2013 et 2018.
Après tirage au sort, les patients ont été répartis en quatre groupes : un premier groupe « contrôle » a bénéficié du traitement standard (suppression androgénique seule ou associée à une chimiothérapie par docétaxel), le second a reçu le traitement standard et l’abiratérone (une hormonothérapie de seconde génération), le troisième groupe s’est vu administrer le traitement standard et la radiothérapie de la prostate, tandis que le quatrième a bénéficié du traitement standard, de l’abiratérone et de la radiothérapie. Tous ces patients ont fait l’objet d’un suivi médian de 6,1 ans. Les critères d’évaluation de PEACE-1 portaient sur la survie globale et la survie globale sans progression radiologique.
Les premiers résultats de l’essai PEACE-1, rendus public l’an dernier, avaient permis de démontrer qu’associer l’abiratérone au traitement standard améliorait à la fois la survie sans progression radiologique et la survie globale.
Bénéfices sur la survie sans progression et peu de toxicité
La nouvelle analyse de PEACE-1, présentée cette année à l’ASCO, visait à évaluer l’apport de la radiothérapie au traitement standard et à l’abiratérone. « Cette analyse a ciblé préférentiellement les patients atteints d’un cancer de la prostate présentant une faible charge métastatique - trois métastases osseuses ou moins. Une étude anglaise avait en effet montré que si bénéfice de la radiothérapie dans le cancer de la prostate métastatique il y a, ce bénéfice est restreint aux patients avec peu de métastases. Nous avons donc fait l’hypothèse que c’est dans ce groupe de patients que la radiothérapie pouvait avoir le plus d’impact en association avec l’abiratérone » explique le Professeur Karim Fizazi, chef du comité génito-urinaire de Gustave Roussy et coordonnateur de PEACE-1.
Les résultats montrent que lorsqu’elle est combinée au traitement standard, la radiothérapie a les mêmes effets que le traitement standard seul. En revanche, associée à l’abiratérone et au traitement standard, son bénéfice est significatif avec une amélioration de la survie sans progression radiologique de 7,5 ans, versus 4,4 ans pour l’association traitement standard/abiratérone.
Parmi les autres effets observés, la radiothérapie peut prévenir les complications urologiques graves chez les patients présentant des métastases, en particulier la rétention d’urine par compression urétrale, nécessitant une sonde urinaire, voire une néphrostomie, ou encore des douleurs et saignements nécessitant une intervention chirurgicale de résection ou une irradiation. Associée à l’abiratérone, la radiothérapie préventive réduit la fréquence de ces complications.
« C’est la première fois qu’une amélioration de la survie sans progression radiologique avec le traitement standard plus l’abiratérone et la radiothérapie est démontrée pour ces patients », affirme le Professeur Karim Fizazi. Le traitement a par ailleurs été bien toléré avec très peu d’effets secondaires liés à la radiothérapie. Moins de 1 % des patients ont présenté des saignements rectaux.
« Cet essai de phase 3 indique que la prise en charge raisonnable des patients avec un cancer de la prostate faiblement métastatique consiste le plus souvent au moins en une association triple : traitement standard, abiratérone et radiothérapie » conclut le Professeur Karim Fizazi.