Gliome de bas grade pédiatrique - essai des inhibiteurs de MEK vs chimiothérapie
Les gliomes de bas grade pédiatriques (PLGG) constituent un groupe hétérogène de tumeurs cérébrales gliales de grade I et II qui sont fréquentes chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte jeune. Ils représentent 30% de tous les diagnostics histologiques de tumeurs cérébrales en pédiatrie. Cette tumeur bénigne peut se localiser à tout niveau au niveau cérébral ou spinal. La survie globale à 10 ans de ces PLGG est à 90%. Un certain nombre de ces patients sont efficacement traités par chirurgie seule. Cependant, un traitement non-chirurgical est nécessaire pour près de la moitié de ces enfants, en raison de symptôme(s) clinique(s) ou d’une tumeur non résécable et/ou progressive radiologiquement. La problématique actuelle lors de cette première ligne de traitement dans les PLGGs est d’améliorer la survie sans rechute ou progression dans un groupe spécifique de patients n’ayant pas de mutation congénitale du gène NF1 ou de mutation somatique du gène BRAF au niveau tumoral. Dans ce sous-groupe de PLGGs, cette survie sans progression ne dépasse pas actuellement 50% à 3 ans. Le taux de rechute quelle que soit la première ligne de chimiothérapie reste stable depuis plus de 20 ans.
Les deux types de chimiothérapies considérées comme des standards sont l’association de carboplatine et de vincristine pendant 81 semaines ou l’administration de vinblastine de façon hebdomadaire pendant 70 semaines. En effet, la vinblastine semble tout aussi efficace au niveau de la survie globale et sans récidive avec une bien meilleure tolérance et une qualité de vie améliorée tout au long du traitement selon les différentes études Canadiennes. Le but actuellement est d’essayer de trouver de nouvelles options thérapeutiques capables de pouvoir éviter à court et à long terme une rechute et un nouveau traitement.
La découverte de dérégulations spécifiques dans la voie de signalisation protéique du gène BRAF dans ces tumeurs permet actuellement d’espérer avec des thérapies ciblées comme les inhibiteurs de MEK de pouvoir améliorer la réponse tumorale et la survie sans évènement des patients. Ces nouveaux traitements sont en prise orale permettant d’avoir un suivi simplifié et probablement une meilleure qualité de vie. Pour l’instant, il reste à déterminer s’ils sont plus efficaces que les chimiothérapies actuelles et s’ils n’ont pas d’effets secondaires handicapants à long terme. Ainsi, nous avons élaboré l’étude nationale Française PLGG MEKTRIC, une phase II prospective conduite en ouvert randomisant un bras standard de vinblastine hebdomadaire versus un inhibiteur de MEK en prise orale quotidienne pendant 72 semaines (18 cures de 4 semaines chacune).
Notre objectif est de démontrer une supériorité de 20% de ce bras expérimental comportant du Trametinib (Mekinist©) en termes de survie sans progression à 3 ans. Il sera nécessaire pour atteindre cet objectif d’inclure dans l’étude 134 patients, présentant un gliome de bas grade naïfs de tout traitement médical. Dans chaque bras, nous aurons 67 enfants. Ces patients seront recrutés pendant 36 mois et auront, traitement compris, un suivi total de 3 ans. Ils seront stratifiés dès le diagnostic sur les anomalies moléculaires intra-tumorales et leur localisation intra-cérébrale. Les objectifs secondaires seront la réponse tumorale à 24 et 72 semaines, la survie globale et sans progression à 3 ans, une analyse des effets secondaires et de la toxicité dans le bras expérimental comparativement au traitement de référence pendant le traitement et jusqu’à 3 ans après le début du traitement. Une analyse de la qualité de vie sera effectuée en parallèle ainsi qu’une étude de l’impact des anomalies moléculaires. Une corrélation statistique sera également réalisée entre la survie sans progression et la localisation tumorale (gliomes des voies optiques, ligne médiane et hémisphères cérébraux). Une étude ancillaire économique est également prévue afin de prendre en compte tous les coûts inhérents à ces traitements et d’en déterminer un cout-efficacité sur l’analyse des QALYs à 3 ans. Des études complémentaires moléculaires sont également planifiées. Nous espérons avec cette stratégie pouvoir positionner cette thérapie ciblée comme un nouveau traitement de référence dans les gliomes de bas grade pédiatriques au diagnostic et d’obtenir des corrélations en fonction de l’anomalie moléculaire et de la localisation intra-cérébrale. Tout patient en rechute en cours de traitement dans le bras de référence sera traité lors de cet événement avec le composé du bras expérimental en réalisant une stratégie de «switch».