Dans le cadre du nouveau projet stratégique institutionnel 2030 de Gustave Roussy, le programme INNOCARE intègre recherche clinique, fondamentale et translationnelle avec l’objectif de mieux comprendre les mécanismes d’action des médicaments innovants afin d’améliorer leur efficacité et de mieux identifier les patients qui peuvent en bénéficier.
Les anticorps couplés à un anticancéreux, ou ADC en anglais, sont une nouvelle classe de médicaments conçus comme une thérapie ciblée pour traiter les cancers. La première génération de ces molécules complexes a été développée dans les années 80, et c’est seulement durant ces dernières années que le développement des nouvelles technologies a permis d’aboutir à une 3ème génération d’ADC, moins toxiques et plus sélectifs de la tumeur.
Guider la chimiothérapie directement dans la tumeur
Les ADC se composent d'un anticorps lié à un médicament anticancéreux biologiquement actif. Ils ont été conçus pour effectuer un ciblage spécifique des récepteurs présents à la surface des cellules tumorales. En se fixant à la tumeur, l’anticorps délivre directement dans la cellule cancéreuse une dose de chimiothérapie pour la détruire. Leur mécanisme d’action est différent d’un traitement de chimiothérapie seule puisque les ADC véhiculent directement le médicament cytotoxique aux cellules tumorales en préservant majoritairement les cellules saines. En conséquence, la dose et l’efficacité administrée dans les cellules cancéreuses est augmentée et les effets secondaires sont réduits.
ICARUS : deux essais cliniques sur deux cancers parmi les plus fréquents
Dans le cadre d’INNOCARE, le programme ICARUS vise à comprendre les mécanismes d’action de 2 ADCs, patritumab-deruxtecan et datopotomab-deruxtecan, afin d’améliorer leur efficacité et de mieux identifier les patients qui obtiendront le meilleur bénéfice de ces médicaments. Deux études cliniques de phase II multicentriques, intitulées ICARUS-LUNG01 et ICARUS-BREAST0,1 sont actuellement ouvertes pour les patients atteints de cancer métastatique du poumon ou du sein.
Comprendre comment ces médicaments activent aussi le système immunitaire
Le mécanisme d’action des ADC est complexe, ils agissent en plusieurs étapes. Un des objectifs de l’étude est de mieux comprendre comment ces médicaments favorisent le recrutement des cellules immunitaires.
Les chercheurs étudient aussi quels facteurs permettent ou empêchent l’entrée des ADC dans les cellules tumorales. L’objectif est d’identifier les patients qui expriment, ou non, ces facteurs et vont répondre de façon différente à la thérapie.
Ils s’intéressent également aux facteurs favorisant la rupture du lien entre l’anticorps et le médicament de chimiothérapie, ou au contraire, qui vont l’inhiber.
Les mécanismes et facteurs favorisant le recrutement des cellules immunitaires sont également au cœur de leurs recherches dans ce projet.
Combiner les anticorps conjugués à d’autres traitements, un nouvel espoir
En s’appuyant sur une recherche transversale, les équipes veulent aussi identifier les facteurs de prédisposition, de sensibilité et de résistance au traitement par ces molécules. Le programme doit ainsi permettre de proposer les combinaisons thérapeutiques les plus efficaces alliant les ADC à d’autres traitements : thérapies ciblées, hormonothérapie ou encore immunothérapie. Ces combinaisons thérapeutiques seront évaluées dans le cadre d’essais cliniques.
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