Fanny Jaulin, chercheuse et responsable de l’équipe « Invasion collective »
« Fascinée par la compréhension du vivant » et passionnée par l’architecture des cellules, « dénominateur commun de toute sorte de vie », Fanny Jaulin a rapidement choisi la biologie cellulaire comme domaine de recherche. Après des études scientifiques poussées, son doctorat en poche et un « post-doc » à New-York pendant 8 ans, la jeune chercheuse a deux idées en tête : monter son propre laboratoire pour piloter des projets en choisissant l’équipe avec laquelle elle travaillerait, et développer toute l’expertise acquise en biologie cellulaire pour la mettre au service d’une cause médicale, la lutte contre le cancer.
Reçue au concours très sélectif Atip-Avenir de l’Inserm, véritable tremplin qui offre l’opportunité à de jeunes chercheurs en sciences de la vie et de la santé de constituer leur propre équipe de recherche, Fanny Jaulin rentre en France et monte son équipe à Gustave Roussy fin 2012. Elle s’empresse alors de contacter les médecins oncologues pour créer des passerelles avec la recherche et le Comité digestif. « Il y a 10 ans, de nombreux chercheurs travaillaient sur le cancer du sein, mais peu s’intéressaient aux cancers digestifs ». Sa motivation à long terme et la technologie qu’elle souhaite mettre en place conduisent bientôt son équipe au développement d’organoïdes, véritables avatars biologiques 3D de la tumeur. « Plutôt que d’utiliser les modèles expérimentaux, j’ai eu recours aux organoïdes avec cet objectif fondamental de parvenir à identifier les caractéristiques de la tumeur de chaque patient pour en comprendre les traits communs ou spécificités ». Pleinement inscrit dans le plan stratégique de Gustave Roussy pour 2030 d’inventer les standards de la prise en charge de demain et de défier les pronostics, son travail aboutit au programme d’excellence de Recherche hospitalo-universitaire Organomic.
Si son rôle de chef d’équipe l’éloigne de la paillasse, Fanny Jaulin apprécie la richesse et les responsabilités que lui confère sa fonction. Sa plus grande fierté est son équipe pour ses qualités humaines, « un groupe fort d’une intelligence collective, soudé et complémentaire ». Si ses professeurs ont pu lui dire que la recherche est une voie difficile et peu fertile, Fanny Jaulin leur a prouvé l’inverse.
Conciliant carrière professionnelle bien remplie et vie familiale épanouie, elle dit avoir la chance de ne pas avoir été confrontée « au sexisme, ou au machisme, ce qui n’est peut-être pas le cas des autres, même dans un domaine relativement préservé ». La chercheuse qui reconnaît que les femmes sont moins nombreuses aux postes à responsabilité, constate aussi, qu’au nom de la parité, elle se retrouve plus souvent sollicitée au sein de commissions universitaires, de recherche ou autres. Pour elle, le combat du féminisme n’est pas seulement professionnel, il se mène à tous les niveaux et au quotidien et ne concerne pas uniquement les femmes, mais également leurs congénères masculins.
Sa passion, qu’elle aime transmettre aux jeunes qui viennent en stage dans son laboratoire, reste intacte. Elle est symbolisée par cette devise, inscrite dans un amphithéâtre outre-Atlantique : « Science to the benefit of humanity » qu’elle a fait sienne. « Mon métier est porteur de sens et c’est précieux ! ».