Du 31 mai au 4 juin se tient à Chicago, aux États-Unis, l’ASCO, le plus important congrès de cancérologie au monde. Cette année, les médecins-chercheurs de Gustave Roussy ont participé à plus de 130 abstracts retenus par le comité scientifique du congrès, témoignant de la qualité de la recherche menée à l’Institut, et de son impact à l’échelle mondiale.
Chaque année, près de 40 000 oncologues du monde entier convergent vers Chicago, où l’American society for clinical oncology (ASCO) tient son congrès annuel. Pour cette édition, plus de 5 000 abstracts vont être discutés lors de cinq journées de rencontres et d’échanges, dévoilant les résultats des études cliniques les plus innovantes récemment menées.
Ces présentations vont se diviser en une session plénière, 24 sessions de présentation orale, 16 symposiums de science clinique à l’oral et 24 sessions orales rapides. Gustave Roussy bénéficie d’une importante visibilité lors de cette édition 2024. Sur les 135 présentations auxquelles ont pris part des médecins-chercheurs de l’Institut, on dénombre :
Parmi l’ensemble de ces abstracts, sept présentations en session orale et deux symposiums de science clinique vont faire l’objet d’une présentation par un expert de Gustave Roussy en tant que premier auteur.
Pr David Planchard – Des résultats encourageants pour un anticorps conjugué dans le cancer du poumon : Cette étude de phase II coordonnée par Gustave Roussy s’inscrit dans le programme médico-scientifique UNLOCK, qui vise à mieux comprendre les mécanismes d’action et de résistance aux nouvelles molécules innovantes, comme les anticorps conjugués à des médicaments. Il s’agit de molécules complexes qui ciblent les cellules tumorales pour délivrer la chimiothérapie directement dans la cellule tout en épargnant au maximum les cellules saines. L’étude montre une efficacité de l'anticorps conjugué Dato-DXd ciblant la protéine TROP2 surexprimée dans 80 % des cancers du poumon non à petites cellules. Cette efficacité se traduit en termes de réponse tumorale et de survie sans récidive particulièrement importante chez les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules de type non-épidermoïdes à un stade métastatique, après échec des traitements standard. L’étude de biomarqueurs en cours à partir des biopsies tumorales séquentielles faites dans le cadre de cette étude laisse entrevoir la possibilité de déterminer les patients pouvant bénéficier de cette thérapie antitumorale du cancer du poumon.
Abstract n°8501 présenté le vendredi 31 mai à 14h57 en session orale.
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Pr Caroline Robert – Intérêt d’une approche séquentielle contre les mélanomes avancés : Chez les patients porteurs d’un mélanome avancé présentant la mutation V600E/K, l’intérêt d’une approche thérapeutique séquentielle, avec un premier traitement de trois mois par induction avec inhibiteurs de BRAF et de MEK, suivi par une immunothérapie par ipilimumab et nivolumab, était incertain. Les résultats de cet essai de phase II évaluent les bénéfices de cette approche, notamment chez les patients présentant de fort taux de lacticodéshydrogénase (LDH) ou des métastases au foie.
Abstract n°LBA9503 présenté le vendredi 31 mai à 15h45 en session orale.
Pr Karim Fizazi – La médecine nucléaire pour lutter contre le cancer de la prostate : Pour les patients atteints de cancer de la prostate résistant aux hormonothérapies traditionnelles et de seconde génération, le PSMA-lutétium apparait comme une option de plus en plus importante : l’essai de phase III PSMAfore a récemment montré que c’était également le cas chez les patients n’ayant pas reçu de chimiothérapie par taxane. Cette présentation orale montre le bénéfice de ce traitement en termes de prévention de la douleur et d’amélioration de la qualité de vie.
Abstract n°5003 présenté le samedi 1er juin à 16h en session orale.
Pr Fabrice André - Combinaisons avec un anticorps conjugué dans le cancer du sein : Le trastuzumab-deruxtecan (T-DXd) est un traitement approuvé pour les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2 positif, ayant reçu précédemment une thérapie anti-HER2. L’étude DESTINY-Breast07 est un essai de phase Ib/II qui explore la sûreté, la tolérance et l’activité antitumorale du trastuzumab-deruxtecan, seul ou en combinaison avec d’autres anticancéreux. Les résultats partiels présentés par le Pr Fabrice André portent sur l’association du trastuzumab-deruxtecan au pertuzumab en traitement de première ligne dans les cancers du sein métastatiques HER2 positifs.
Abstract n°1009 présenté le samedi 1er juin à 17h24 en session orale.
Pr Laurence Albiges – Vers un marqueur circulant de maladie résiduelle dans le cancer du rein en post-opératoire : L’essai IMmotion010 a montré que l’Atézolizumab n’apporte pas de bénéfices en termes de survie sans maladie en situation adjuvante. Mais les analyses exploratoires menées dans l’étude présentée par la Pr Albiges ont permis d’identifier un marqueur dans le sang associé au risque de récidive de la maladie : le Kidney Injury Molecule-1 (KIM-1), et représentent donc une piste pour la détection de maladie résiduelle et le suivi des patients en post-opératoire.
Abstract n°4506 présenté le lundi 3 juin à 9h24 en session orale.
Dr Antonio di Meglio - Dépister précocement les symptômes dépressifs dans les cancers du sein : Les symptômes dépressifs sont responsables, chez les femmes guéries d’un cancer du sein, d’une détérioration de la qualité de vie et d’une mortalité précoce. L'étude présentée par le Dr di Meglio permet d’établir cinq groupes de trajectoire de symptômes dépressifs, parmi les 9 087 femmes atteintes d’un cancer du sein au stade précoce faisant partie de la cohorte CANTO. Les patientes plus âgées, en surpoids ou obèses, ayant des problèmes d’anxiété, cognitifs ou d’image d’elle-même, ont plus de risques de présenter des symptômes dépressifs en aggravation. L'étude met l’accent sur le dépistage précoce et le suivi actif des vulnérabilités psychologiques des patientes.
Abstract n°12009 présenté le lundi 3 juin à 16h42 en clinical science symposium.
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Dr Roger Sun – Biopsie virtuelle et radiomique : La radiomique est une technique d'analyse des imageries dans laquelle Gustave Roussy est fortement engagé, permettant, en alliant radiologie, biologie et intelligence artificielle, de développer de nouveaux biomarqueurs non-invasifs. L’étude présentée par le Dr Sun se concentre sur l’emploi de la radiomique pour évaluer l'infiltration des tumeurs en lymphocytes T CD8 chez les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules. L’objectif est notamment de prédire l’efficacité d’un traitement par durvalumab. Cette étude s’inscrit dans une stratégie de personnalisation des nouvelles immunothérapies, et pourrait ouvrir la voie pour des combinaisons de traitement associant par exemple de la radiothérapie.
Abstract n°2511 présenté le mardi 4 juin à 8h36 en clinical science symposium.
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Dr Caroline Even – Vaccin thérapeutique et immunothérapie : L'étude OpcemISA est un essai randomisé en double aveugle de phase II qui a évalué l'efficacité du vaccin ISA101b lorsqu’il est associé au cemiplimab, un anticorps monoclonal anti-PD1, pour lutter contre le cancer oropharyngé HPV16-positif.
Abstract n°6003 présenté le mardi 4 juin à 10h45 en session orale.
Dr Maria Alice Franzoi - Télésurveillance et cancer : Pour les patients atteints de cancer, l’intérêt et le bénéfice de la télésurveillance ont déjà été établi et démontré sur la qualité de vie, la gestion des toxicités et la diminution des hospitalisations. Aucune étude n’avait cependant été menée concernant l’influence de déterminants socio-économiques (éducation, ressources financières, compréhension de la maladie et de la prise en charge, culture numérique...) sur l’adhésion des patients à un protocole de télésurveillance. Les travaux présentés par la Dr Maria Alice Franzoi montrent que la présence d’un facteur socio-économique défavorable chez un patient aggrave les symptômes de la maladie, ainsi que l’adhésion à un programme de télésurveillance. Identifier ces freins à l’adhésion à un parcours de télésurveillance est indispensable pour améliorer l’égalité d’accès des patients à la télésurveillance, et réduire les disparités en oncologie.
Abstract n°1506 présenté le mardi 4 juin à 11h45 en session orale.
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Dans les publications scientifiques, le dernier auteur joue aussi un rôle pivot dans les travaux de recherche. En plus des neuf études premiers auteurs présentées par un médecin-chercheur de l'Institut, les experts de Gustave Roussy signent, en tant que dernier auteur, cinq autres abstracts présentés à l’oral lors de cette édition de l’ASCO.
Dr Christophe Willekens - Désescalade thérapeutique dans la leucémie myéloïde aiguë : Cette étude menée avec des patients âgés atteints d’une leucémie myéloïde aiguë compare une durée de traitement réduite à sept jours à base de vénétoclax en association avec de l’azacitidine, face à un schéma standard de vénétoclax pendant 28 à 21 jours. Les résultats montrent qu’il n’existe pas de différence en termes de réponse au traitement ou de survie, mais que le traitement est mieux toléré avec une diminution significative de la mortalité précoce.
Abstract n°6507 présenté le vendredi 31 mai à 16h57.
Pr Fabrice Barlesi – Cibler une mutation du cancer du poumon présente dans d’autres cancers : L’étude KRYSTAL-12 de phase III compare l’adagrasib par rapport au docetaxel chez les patients précédemment traités pour un cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique présentant la mutation KRAS-G12C.
Abstract n°LBA8509 présenté le samedi 1er juin à 13h27.
Dr Maximiliano Gelli – L'intérêt de la transplantation hépatique combinée à la chimiothérapie : Chez les patients atteints d’un cancer colorectal présentant des métastases hépatiques, la prise en charge à visée curative repose sur l’association d’une chirurgie et d’une chimiothérapie péri-opératoire. Lorsque les métastases hépatiques sont inopérables, le traitement repose sur la chimiothérapie exclusive, mais ces patients présentent un pronostic sombre. L’étude TransMet, évalue l’intérêt d’une transplantation hépatique combinée à une chimiothérapie par rapport à une chimiothérapie seule chez ces patients.
Abstract n°3500 présenté le dimanche 2 juin à 8h.
Dr Patricia Pautier – L’immunothérapie pour lutter contre le cancer de l’ovaire en rechute : Le cancer de l’ovaire en rechute résistant au platine est une situation clinique particulièrement difficile dans laquelle les alternatives thérapeutiques sont faibles. Cet essai est le premier rapporté avec une immunothérapie, un antiPD-L1 associé au bevacizumab et à la chimiothérapie. Il s’agit d’une phase III randomisée en double aveugle versus bras standard avec stratification sur le statut PD-L1, la chimiothérapie utilisée, un traitement antérieur par bevacizumab et le nombre de lignes de traitement antérieures. 574 patientes ont été randomisées en Europe. Les résultats des objectifs principaux présentés sont la survie sans progression et la survie globale.
Abstract n°LBA5501 présenté le dimanche 2 juin à 8h12.
Dr Birgit Geoerger – Une thérapie ciblée efficace chez l’adulte évaluée en pédiatrie : L’erdafitinib est un inhibiteur de tyrosine kinase, déjà autorisé aux États-Unis pour traiter le cancer de la vessie avancé. Les premiers résultats de l’étude Ragnar ont montré qu’il était également efficace chez des patients présentant une mutation ou une fusion du gène FGFR, tous types de tumeurs solides confondus. Parallèlement, une cohorte dédiée aux cancers pédiatriques a ouvert à Gustave Roussy, au sein du DITEP et du département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent. À l’ASCO sont présentés les résultats de cette cohorte pédiatrique, qui a établi la dose d’erdafitinib chez l’enfant et son efficacité.
Abstract n°10002 présenté le dimanche 2 juin à 8h24.
Remis par Conquer Cancer, la fondation de l’ASCO, l’International Women Who Conquer Cancer Mentorship Award récompense chaque année des médecins-chercheuses reconnues pour leur engagement en faveur de la réduction des disparités entre les femmes et les hommes en cancérologie. La Dr Ines Vaz Luis, oncologue médicale à Gustave Roussy, reçoit l’édition 2024 de ce prestigieux prix .
Le prix Giants of cancer care, remis par l’éditeur spécialisé Onclive, récompense des spécialistes internationalement reconnus pour leur contribution à la recherche mondiale contre le cancer, dont les travaux ont jeté les bases de projets futurs. Un panel de 115 oncologues réputés identifie chaque année plusieurs lauréats, répartis par types de tumeur et spécialités. Cette année, le Pr Fabrice André, directeur de la recherche de Gustave Roussy, reçoit le Giants of Cancer Care dans la catégorie Science translationnelle. Il lui sera remis le 30 mai à Chicago, à la veille de l’ouverture de l’ASCO.
Enfin, cette année, trois Merit Awards ont été attribués à des médecins chercheurs de Gustave Roussy. Ces prix sont décernés par Conquer Cancer à de jeunes experts pour leurs travaux de haute qualité présentés au congrès, ainsi que pour leur mérite scientifique.
Federika Gattazzo : doctorante au sein du laboratoire de la Pr Laurence Zitvogel, pour l’étude qu’elle présente sur l’impact des lymphocytes T du microbiote sur la réponse à l’immunothérapie.
Dr Pietro Lapidari : médecin oncologue et chercheur au sein du comité de pathologie mammaire en sénologie, pour l’étude qu’il présente sur les douleurs musculo-squelettiques liées aux inhibiteurs d’aromatase dans les cancers du sein précoces.
Dr Martina Pagliuca : médecin oncologue et chercheuse au sein de l’équipe Prédicteurs moléculaires et nouvelles cibles en oncologie, pour l’étude qu’elle présente sur le poids des symptômes comportementaux après un cancer du sein.