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GUSTAVE ROUSSY
1er centre de lutte contre le cancer en Europe, 4 000 professionnels mobilisés

05/11/2024

Dépistage du cancer du poumon : où en est-on ?

Responsable d'environ 30 000 décès chaque année en France, le cancer du poumon est la première cause de mortalité par tumeur maligne dans l'Hexagone. Le dépistage précoce de la maladie est un enjeu majeur de santé publique. À l’occasion de Novembre Perle, mois dédié à la sensibilisation aux cancers thoraciques, tour d’horizon des pratiques et projets de recherche en France et dans le monde.

 

Causé dans huit cas sur dix par le tabac, le cancer du poumon se caractérise par une croissance anormale et incontrôlée de cellules dans les poumons. Cette pathologie reste longtemps asymptomatique, si bien que 52 % des diagnostics sont réalisés à un stade trop tardif, rendant leur traitement complexe, bien que d’importants progrès thérapeutiques aient été réalisés lors des 40 dernières années.

« Actuellement, le dépistage du cancer du poumon s’effectue par un scanner thoracique à basse dose sans injection, suivi par un examen clinique en cas d’anomalie », explique la Pr Corinne Balleyguier, cheffe du département d’imagerie médicale de Gustave Roussy. « Le dépistage précoce de la maladie, qui permet la réalisation d’une chirurgie curative, est primordial si l’on souhaite augmenter les chances de guérison », poursuit-elle.

 

Deux études pivots

Face à ce constat, plusieurs pays, à l’image des États-Unis et de la Croatie, ont mis en place des programmes nationaux de dépistage du cancer du poumon à destination de populations fortement exposées au tabac. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait en 2016 que « les conditions de qualité, d’efficacité et de sécurité » pour la mise en place d’un programme national de dépistage n’étaient pas réunies. En 2022, la HAS a publié un nouvel avis recommandant « l’engagement d’un programme pilote » dirigé par l’Institut National du Cancer (Inca). Un appel à candidatures a été publié cette année.

« Deux grandes études ont permis de démontrer l’intérêt d’un dépistage organisé pour le cancer du poumon. Aux États-Unis, l’étude NLST[1], dont les résultats ont été publiés en 2011, a été menée sur plus de 53 000 patients. Elle a démontré l’efficacité du dépistage par scanner à basse dose, avec une réduction de la mortalité de 20 % dans le groupe de patients ayant suivi cette méthode de dépistage, comparativement à la radiographie thoracique standard. En Europe, l’étude NELSON[2], dont les résultats ont été dévoilés en 2020, a montré une réduction de 24 % de la mortalité liée au cancer du poumon dans le groupe de patients ayant subi des dépistages annuels par scanner à basse dose », détaille la Pr Corinne Balleyguier. Ces deux études ont également permis de statuer sur des lignes directrices robustes pour l’analyse des scanners, afin de limiter la part des faux positifs.

 

La recherche en cours

Partant de ces conclusions, des travaux sont en cours pour optimiser le dépistage du cancer du poumon à grande échelle. Gustave Roussy prend ainsi part à l’étude multicentrique européenne 4-IN-THE-LUNG-RUN qui a débuté en 2020 dans le cadre d’un projet de recherche financé par l’Union européenne.

« Cette étude de non-infériorité entend vérifier si un scanner à basse dose réalisé sur une population à risque tous les deux ans apporte les mêmes bénéfices qu’un scanner réalisé une fois par an. Les patients recrutés ont entre 60 et 79 ans et ont fumé au moins un paquet par jour pendant 35 ans ou équivalent » explique le Dr Gabriel Garcia, radiologue à Gustave Roussy.

« L’étude se concentre sur les patients ne présentant aucun signe de cancer du poumon lors du premier scanner de dépistage, ce qui concerne plus de neuf personnes sur dix. Les patients recrutés seront divisés en deux groupes : un premier réalisant un scanner tous les ans, un second tous les deux ans. Si nous démontrons que la part d’événements détectés est équivalente dans les deux groupes, les bénéfices seront importants pour les organismes de remboursement de soin, mais aussi pour les personnes dépistées, qui seront exposées à une moindre quantité de rayons X », poursuit le Dr Garcia.

 

Le parcours Interception poumon

En attendant le déploiement sur le territoire français d’un programme de dépistage du cancer du poumon, Gustave Roussy propose déjà aux personnes à risque augmenté de tumeurs thoraciques le parcours « Poumon » de son programme Interception. Il s'adresse aux individus âgés de 50 à 74 ans, ayant fumé au moins un paquet par jour depuis plus de 20 ans et qui fument actuellement ou ont arrêté depuis moins de 10 ans.

Les participants sont invités à prendre part à une demi-journée de prévention et de dépistage, qui se concentre autour d’un scanner thoracique à faible dose, d’une consultation de sevrage tabagique et d’ateliers d’informations sur la cigarette, le cancer, l’alimentation et l’activité physique. À l’issue de cette demi-journée, les participants repartent avec les résultats de leur scanner ainsi qu’un plan de prévention personnalisé.

Si une anomalie est détectée dans le scanner, les participants ont la possibilité d’être pris en charge dans le parcours InstaDiag poumon, proposé par Gustave Roussy en collaboration avec le Centre international des cancers thoraciques (CICT), qui réunit les hôpitaux Paris Saint-Joseph et Marie-Lannelongue (Le Plessis-Robinson). Les examens cliniques nécessaires à la pose d’un diagnostic sont organisés au mieux pour limiter le stress, l’attente et les allers-retours vers l’hôpital.

 

[1] Reduced Lung-Cancer Mortality with Low-Dose Computed Tomographic Screening. (2011). New England Journal of Medicine, 365(5), 395–409. https://doi.org/10.1056/nejmoa1102873

2De Koning, H. J., Van Der Aalst, C. M., De Jong, P. A., Scholten, E. T., Nackaerts, K., Heuvelmans, M. A., Lammers, J. J., Weenink, C., Yousaf-Khan, U., Horeweg, N., Van ’t Westeinde, S., Prokop, M., Mali, W. P., Hoesein, F. a. M., Van Ooijen, P. M., Aerts, J. G., Bakker, M. a. D., Thunnissen, E., Verschakelen, J., . . . Oudkerk, M. (2020). Reduced Lung-Cancer Mortality with Volume CT Screening in a Randomized Trial. New England Journal of Medicine, 382(6), 503–513. https://doi.org/10.1056/nejmoa1911793