Villejuif, le 29 janvier 2021
Journée mondiale des cancers
Gustave Roussy lance un programme inédit d’interception des cancers, une première en France
Le programme Interception de Gustave Roussy a pour objectif d’identifier au plus tôt les personnes à risque augmenté de nombreux cancers, afin de leur proposer une prévention sur-mesure et de mieux les prendre en charge, dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital. Il vise également à développer pour les années qui viennent de nouveaux modes de dépistage et prévention adaptés pour ces personnes, afin d’éradiquer le cancer avant qu’il soit cliniquement détectable. En investissant ainsi pleinement le champ de la prévention de manière innovante, Gustave Roussy se dote d’un nouvel objectif aux côtés de ses trois missions fondatrices que sont le soin, la recherche et l’enseignement. Interception c’est la prévention de demain !
Plus de 19 millions1 de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués dans le monde en 2020 dont près de 500 0002 en France. Le cancer représente non seulement la première cause de mortalité dans les pays occidentaux, mais aussi une cause importante de morbidité et de séquelles chez les personnes survivantes.
Parce qu’environ 30 à 40 % des personnes développant un cancer auraient pu être identifiées comme à risque augmenté dans les années précédant leur diagnostic, Gustave Roussy lance Interception, programme élaboré et dirigé par la Dr Suzette Delaloge, oncologue à Gustave Roussy. « La prévention est un enjeu majeur de nos sociétés. Les approches en population générale présentent aujourd’hui des limites identifiées. Une prévention et un dépistage personnalisés en fonction du risque individuel de cancer, pour éradiquer le cancer avant sa phase clinique, semblent aujourd’hui une voie d’avenir majeure », commente la Dr Delaloge.
L’objectif premier d’Interception est d’identifier et de mieux prendre en charge, dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital, les personnes identifiées par leur médecin traitant ou à l’hôpital comme étant dans une situation de risque augmenté de développer certains cancers. Les repérer permet dès aujourd’hui de les sensibiliser et de leur délivrer une information adéquate sur des actions de dépistage et une prévention spécifique.
« En armant de connaissances les personnes concernées, notre ambition est d’aider les participants dans leurs choix de prévention et de dépistage, en améliorant leur adhésion et la réalisation effective de leur suivi afin d’appuyer les médecins traitants dans leurs missions de prévention, sans s’y substituer », précise Suzette Delaloge. « La prévention est très variée. Nous proposons de façon systématique une évaluation nutritionnelle et des conseils personnalisés en nutrition et activité physique. La prévention proposée peut aussi être plus médicalisée, voire chirurgicale dans certains cas particuliers, comme en cas de prédisposition au cancer du sein et de l’ovaire. Nous leur transmettons également des informations sur des symptômes éventuels de la maladie ».
Le programme Interception vise aussi à développer pour les années qui viennent, des dépistages de nouvelle génération et une prévention adaptée et personnalisée.
Plusieurs études cliniques structurent déjà le programme Interception, comme l’étude MyPeBS sur le dépistage personnalisé du cancer du sein, l’étude européenne 4-in-the-lung-run qui affine le dépistage du cancer du poumon par scanner, ou l’étude LEAH qui sera lancée prochainement, et évalue le rôle de l’ADN circulant en dépistage. « Nos équipes sont mobilisées pour faire avancer la recherche afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs de risque, de nouvelles modalités de dépistage, de prévention ou d’interventions nutritionnelles. Nous poursuivons également l’exploration du rôle de l’immunité et du microbiote, et cherchons à développer une meilleure connaissance des impacts socio-psychologiques », ajoute la médecin.
En cas de nouvelles avancées, les personnes et leur médecin en seront informés afin d’adapter le plan de suivi.
L’aspect de prise en charge précoce est crucial dans le succès de ce programme. L’Institut s’engage auprès des participants à répondre en moins de 2 jours ouvrés à toutes demandes de diagnostic en cas de symptômes suspects, ou d’assurer la prise en charge thérapeutique en cas de cancer établi.
« Interception c’est la prévention de demain, pour se donner le maximum de chances de dépister plus tôt pour mieux guérir les cancers et avec moins de séquelles » conclut la Dr Delaloge. L’impact et les bénéfices de ces interventions précoces seront évalués sur le long terme.
Le programme Interception a été créé par des oncologues, généticiens, gynécologues, radiologues, spécialistes des soins de support, épidémiologistes, soignants et chirurgiens, en lien avec des associations de patients.
Interception est la première illustration des projets phares du projet stratégique institutionnel des 5 prochaines années que Gustave Roussy est en train de finaliser. Il s’inscrit dans les nouvelles ambitions de l’Institut qui sont d’investir toutes les phases de la maladie, des déterminants précancéreux à l’après-cancer.
Le Programme Interception en pratique
Qu’est-ce que le programme Interception ?
Le programme Interception se base sur l’identification par les médecins en ville ou à l’hôpital de situations de risques augmentés de certains cancers. Il s’inscrit dans une approche de prévention personnalisée afin d’adapter le dépistage et la prévention à chaque individu.
Qui peut en bénéficier ?
Les personnes identifiées comme à risque augmenté de certains cancers. Cette identification est évolutive. On considère qu’une personne a un risque augmenté d’un cancer donné lorsque, en général, sa probabilité de développer ce cancer est au moins 2 à 3 fois supérieure à celle des autres personnes. Ce peut être par exemple, en cas d’histoire familiale importante et de prédisposition héréditaire, en cas lésions pré-cancéreuses ou d’exposition forte à certains toxiques.
Dans le cadre d’Interception, il existe à ce jour plusieurs parcours spécifiques pour les personnes à risque augmenté de cancer du sein, de cancer colo-rectal, de cancers liés à des expositions toxiques (tabac, traitements d’un cancer dans l’enfance) ou encore les personnes porteuses d’anomalies génétiques pré-disposantes rares.
Comment ça marche ?
Le programme Interception se déroule en plusieurs étapes :
- L’identification de risques spécifiques avérés, chez des personnes vues en consultation en ville ou à l’hôpital. Pour cela, Gustave Roussy met à disposition des médecins un calculateur accessible en ligne permettant en quelques clics l’identification de situations de risque augmenté de cancer. Ce logiciel prend en compte les prédispositions héréditaires, la présence de lésions pré-cancéreuses, l’exposition forte à certains toxiques... Lorsqu’un risque augmenté de cancer est repéré, le médecin peut inscrire son ou sa patiente pour participer au programme Interception s’il le souhaite.
- Une journée Interception à Gustave Roussy, sous forme de consultations individuelles et d’ateliers de sensibilisation et d’éducation en groupes de profils similaires.
- Un suivi personnalisé et adapté de prévention et de dépistage. A l’issue de la journée Interception à Gustave Roussy, le suivi de la personne est organisé en étroite collaboration avec le médecin de ville selon les souhaits du participant et ceux de son médecin (imagerie, addictologie, nutrition, coloscopie, suivi gynécologique, etc…).
- Evolution du plan de suivi, en cas de nouvelles modalités de dépistage ou de prévention.
- Une prise en charge précoce en cas de suspicion ou de diagnostic de cancer. L’aspect de prise en charge précoce étant crucial dans le succès de ce programme, Interception s’engage à répondre en moins de 2 jours ouvrés à toutes les demandes de diagnostic en cas de symptômes suspects, ou d’assurer la prise en charge thérapeutique en cas de cancer établi des personnes suivies.
1 19 292 789 nouveaux cas dans le monde en 2020 - https://gco.iarc.fr/today/online-analysis-treemap?v=2020&mode=cancer&mode_population=continents&population=900&populations=900&key=asr&sex=0&cancer=39&type=0&statistic=5&prevalence=0&population_group=0&ages_group%5B%5D=0&ages_group%5B%5D=17&group_cancer=1&include_nmsc=1&include_nmsc_other=1&reloaded
2 2 467 965 nouveaux cas en France en 2020 - https://gco.iarc.fr/today/data/factsheets/populations/250-france-fact-sheets.pdf