Une équipe internationale de quatre éminents immunologistes, dont le Pr Florent Ginhoux, directeur du laboratoire Cellules myéloïdes et cancer au sein de l’unité de recherche Immunologie anti-tumorale et immunothérapie des cancers (ITIC - Univ. Paris-Saclay, Inserm, Gustave Roussy) a reçu l'une des subventions de recherche les plus généreuses de l'Union Européenne : l’ERC Synergy Grant. Leaders dans leurs domaines de recherche respectifs, ces quatre chercheurs travaillent ensemble avec l’objectif de combiner leur expertise pour explorer de nouvelles pistes en immunothérapie pour traiter les métastases hépatiques dont souffrent environ la moitié des patients vivant avec un cancer.
Une proportion importante de patients atteints de cancer ne succombe pas à la tumeur initiale, mais plutôt aux métastases qui en résultent. La croissance de ces sites cancéreux secondaires est souvent difficile à enrayer avec les traitements actuels. Même s’ils ont permis d’améliorer l’évolution de la maladie, ils ne permettent pas d’éradiquer complètement le tissu tumoral.
Les metastases se développent le plus souvent au niveau du foie. Elles surviennent notament dans les cancers digestifs (colon, estomac, pancreas), ainsi que dans les cancers du sein, du poumon, des ovaires ou des reins. C'est pourquoi de nouvelles approches thérapeutiques sont nécessaires et profiteraient à de nombreux patients.
Le but de ces quatre chercheurs en immunologie est d’étudier le système immunitaire local du foie : Comment les différents types de cellules communiquent et s’organisent dans l'organe sain, quels changements observe-t-on dans le tissu malade... L'objectif est de développer de nouvelles stratégies pour exploiter le potentiel des cellules immunitaires présentes dans le foie pour traiter la maladie métastatique.
Une approche dans laquelle le Conseil européen de la recherche a décelé un grand potentiel, les subventions « Synergy » soutiennent exclusivement des approches de recherche très innovantes, susceptibles de transformer les approches. L'équipe qui a convaincu un panel international d'experts avec ses propositions scientifiques s'est vu attribuer le montant maximum de 10 millions d'euros pour une période de 6 ans pour leur projet TREATLIVMETS (Treating liver metastasis).
Les quatre chercheurs sont basés en Italie, en France et en Allemagne. Ils sont tous considérés comme leaders dans leurs domaines respectifs : Valeria Fumagalli est spécialisée dans l'immunologie du foie et travaille sur des échantillons de tissus provenant de patients atteints de cancer à l'hôpital San Raffaele de Milan. Florent Ginhoux, Gustave Roussy, est un expert de la biologie des cellules myéloïdes, y compris des macrophages, et de leur fonction dans les tissus sains et malades. Les travaux de Georg Gasteiger, groupe de recherche Max Planck pour l'immunologie systémique à l'université de Würzburg et investigateur principal de l'équipe, portent sur les lymphocytes du système immunitaire inné, y compris les cellules "Natural Killer" ou NK, ainsi que sur leur développement et leur fonction dans divers tissus de l'organisme. Eric Vivier, expert en cellules NK au Centre d'immunologie de Marseille-Luminy (Aix-Marseille Université/Inserm/CNRS), a déjà développé plusieurs molécules capables d'activer ces cellules pour lutter contre les tumeurs et les a soumises avec succès à des essais cliniques sur des patients. Forte de ces expériences, l'équipe vise à développer de nouvelles approches en matière d'immunothérapie.
Les scientifiques examineront des échantillons de tissus et de tumeurs prélevés sur des patients en utilisant la transcriptomique spatiale et unicellulaire à haute résolution de pointe. Leur objectif est d'élucider la communication et les interactions entre les différentes cellules immunitaires ainsi qu’avec les cellules du foie et la manière dont elles évoluent au cours de la maladie. Le but est d'identifier les molécules clés et les points de contrôle dans les réseaux complexes d'interaction cellulaire, et de les utiliser pour restaurer le contrôle immunitaire dans les lésions métastatiques.