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GUSTAVE ROUSSY
1er centre de lutte contre le cancer en Europe, 4 000 professionnels mobilisés

Covid-19 News | 30 avril 2020

Synthèse d'actualités scientifiques liées au Covid-19, réalisée par des experts de Gustave Roussy.

COVID 19 news

Biologie

Capacités en tests de dépistage et retraçages des contacts : l’état de l’art

Alexandre Bobard, Gustave Roussy – Source : Medium.com, Tomas Pueyo

Quelle donnée biologique pouvons-nous utiliser comme modèle pour réussir à contrôler l’épidémie en choisissant une politique de tests / traçage / isolation lors de la réouverture de l’économie ?

How does the Testing correlate with the control of the coronavirus epidemic

Les cadors en vert dans le graph (Hong Kong, Taiwan, Corée du Sud…) nous donnent une indication : ils arrivent tous à 3% de positivité au test de dépistage Covid (en abscisse sur le graphique). Tous ont en commun de déployer les meilleures capacités en dépistage de la planète. Leur efficacité est à la hauteur des nouveaux cas diagnostiqués chaque jour. Ils sont en capacité de dépister systématiquement tous les cas suspicieux et tous les contacts retracés. Cela correspond à faire près de 33 fois plus de tests que de cas. S’il y a trop de nouveaux cas par jour, les capacités en tests sont vite submergées : la position intermédiaire sur le graph de l’Allemagne et Singapour (qui connaissent des percées épidémiques actuellement) pourrait refléter ce phénomène. En plus, il faut aller vite : si les tests de dépistage sont trop lents, on rate trop de cas de transmission (doit être fait le jour même pour les cas suspicieux). En testant tous les cas symptomatiques, on peut baisser la transmission de 40 %, donc il faut aller plus loin et tester systématiquement tous les contacts : cela réduirait la contagion de 85 %. Ce même papier d’Oxford dans Science indique aussi que la grande majorité des transmissions se ferait par des malades pré-symptomatiques (45 %) et symptomatiques (40 %), par rapport aux asymptomatiques et aux contacts surfaces (15 %). Cette grande part de pré-symptomatiques dans la contagion implique un traçage intense des contacts.

Les tests rapides sont cruciaux, mais ils ne sont pas suffisants : ils doivent être étroitement couplés au retraçage des contacts de toutes les personnes infectées, des milliers d’enquêteurs doivent être recrutés. Car pour être réellement efficaces, 70 à 90 % des contacts de chaque cas devront être retracés (représenterait 20 à 30 contacts à retracer par cas). Comme pour les tests, la rapidité est un facteur clé : idéalement les contacts devront être retracés en moins de deux jours.

Tableau contact tracing

Rien qu’à Wuhan, pour 63 000 cas en 27 jours, il y a eu jusqu’à 1 800 équipes de cinq investigateurs, avec cinq à six personnes retracées par jour par cas par enquêteur. Ce travail de fourmi permettait à chaque équipe de retracer en moyenne les contacts d’un cas en 24 heures seulement. Le recrutement d’investigateurs doit être ajusté en fonction du nombre de cas positifs par jour : si pas assez, il n’y aura aucun effet sur la transmission. Mais, là aussi, ça ne suffira pas. Sans traçage numérique, tout est basé sur des interviews avec longues conversations : oublis fréquents car il faut couvrir deux semaines de contacts. C’est là que le suivi digital entre en jeu pour combler les trous de mémoire, affiner les interviews et retracer les contacts oubliés. Du traçage des cartes de crédit et GPS des smartphones, aux caméras dans le bus et à la salle de gym, en passant par les applis de tracking bluetooth et même la publication des données de localisation de personnes infectées : en Asie, tous les moyens digitaux sont utilisés. Ils ont l’habitude, la Corée du Sud a même changé sa loi après l’épidémie de Mers pour donner tous les moyens digitaux dans la traque du virus. Si on ajoute le Sras auparavant, on comprend pourquoi en Asie le débat sur la vie privée est relégué au second plan. Un système de code-barres, à scanner à l’entrée de chaque structure urbaine, est aussi à l’étude, et pourrait permettre d’avoir des infos temporelles, par exemple savoir quand on est dans la même rame, le même étage, la même boutique qu’une personne infectée. Toutes ces mesures apportent des bénéfices à différents degrés, mais il apparaît dans des études comparatives qu’une appli obligatoire basée sur le bluetooth, un système de codes-barres obligatoires ou le suivi des données personnelles / GPS auraient de meilleurs résultats que les investigations « manuelles » (entretiens avec les malades et les contacts). Sujet hautement polémique en Europe vis-à-vis des libertés individuelles. A noter que les enquêtes vont aussi empiéter sur la vie privée, avec un coût financier beaucoup plus important.

Tableau contact tracing

Il ne s’agit pas de suivre toute la population mais seulement les personnes infectées et leurs contacts. Les entreprises de la tech savent constamment où nous sommes et à quel moment, savent ce que nous achetons à tout moment. Sommes-nous prêts à ce que le gouvernement puisse potentiellement savoir où nous sommes et avec qui pendant 15 jours (si les données sont effacées tous les mois) ? Cela ne parait pas énorme en comparaison des infos personnelles que détiennent et monnayent les GAFAM, Uber, Waze, IBM, etc. De toutes les manières, un sacrifice de vie privée sera nécessaire pour retrouver un peu de notre liberté perdue. Quels degrés de liberté serons-nous prêts à abandonner et en échange de quelle nouvelle société ? Ces arbitrages sont actuellement en cours dans le monde entier. Le digital est incontournable pour contrer une pandémie aussi massive, on ne pourra pas se priver de la puissance de ces outils.

 Clinique

Options thérapeutiques en cancérologie génito-urinaire en période Covid-19

Source : Bulletin du cancer – Avril 2020 – Pr Karim Fizazi, Gustave Roussy

L'épidémie actuelle de Covid-19 rend les décisions thérapeutiques difficiles en cancérologie étant donné les risques inhérents à la venue des patients à l'hôpital ainsi que ceux actuellement mal connus liés à la neutropénie chimio-induite, aux modifications du système immunitaire induites par les inhibiteurs de check-point, ou encore à la toxicité pulmonaire de certains de nos traitements tels que la bléomycine. La plupart des patients atteints de cancers génito-urinaires présentent plusieurs facteurs de risque de forme grave de Covid-19 : âge, comorbidités, traitement systémique au long court, utilisation fréquente des corticostéroïdes. Afin de répondre à l'attente de la communauté onco-urologique, nous avons cherché ci-dessous à résumer les quelques orientations de bon sens permettant de prendre en charge le mieux possible les patients atteints des principaux cancers génito-urinaires, à défaut de pouvoir émettre des recommandations basées sur des données scientifiques, celles-ci étant actuellement non disponibles. Il s'agit donc simplement d'un consensus d'experts dont le niveau de preuves est faible. Dans tous les cas, une personnalisation du traitement est recommandée. De manière générale, la première recommandation est d'éviter à chaque fois que possible la venue des patients atteints de cancers génito-urinaires à l'hôpital pendant la période épidémique, en conformité avec les recommandations portant sur les patients atteints de cancer émises par le Haut Conseil de la Santé Publique. […]

Recherche

Comprendre l’infection et les molécules testées

Source : Jama + Pierre Paperon

Comprendre l'infection et les tests en cours

 La course aux vaccins contre les coronavirus: un guide graphique

Source : Nature – 28 avril 2020

Plus de 90 vaccins sont en cours de développement contre le SRAS-CoV-2 par des équipes de recherche d'entreprises et d'universités du monde entier. Les chercheurs testent différentes technologies, dont certaines n’ont pas été utilisées auparavant dans un vaccin homologué. Au moins six groupes ont déjà commencé à injecter des formulations à des volontaires dans des essais de sécurité ; d'autres ont commencé à tester sur des animaux. Le guide graphique de Nature explique chaque conception de vaccin.

Vaccine basics: how to develop immunity

Après le confinement

Moral gagnant pour l’avenir ….

Source : Dr Guillaume Zagury – Covidminute -27 avril 2020.

Trois indicateurs importants s’améliorent :

Guérison : plus de 98 % ; dans la très grande majorité des cas, c’est une pathologie infectieuse qui guérit favorablement, sauf pour les personnes à risques (âge 70+, comorbidité), susceptibles de décompenser une insuffisance organique préexistante.

Les enfants sont le plus souvent asymptomatiques et les décès sont exceptionnels (90 % des décès ont plus de 70 ans). Rappelons que nous ne sommes pas dans le cas d’Ebola (plus de 50 % de mortalité).

Les connaissances scientifiques fondamentales qui sont globalisées et exponentielles. Elles devraient aboutir à des résultats concrets thérapeutiques.  

6 raisons d'être optimiste

 Anticiper les prochaines crises et sortir de celle-ci

Source : Carenews – 20 avril 2020 – Dr Francis Charhon

Dans ce moment très compliqué de la crise du Covid-19, il semble indispensable de prendre du recul par rapport au moulin d’informations envahissantes et anxiogènes pour se donner des outils de réflexion apportés par des universitaires ou philosophes. Anticiper à grande échelle n'est pas évident car face à des événements rares, improbables, que notre imaginaire n'arrive pas à visualiser, il se dresse une barrière psychologique. Le confort du connu est préférable à la crainte et à l'angoisse de l'inconnu. […]

Dans la crise actuelle dont la violence, la dimension et la rapidité a surpris, la situation est inverse, nous n’étions pas assez préparés. D’autres priorités, sociales, économiques, environnementales… avaient amené à la démobilisation, au relâchement et à l'engourdissement sur le risque d’une prochaine pandémie. Chaque année, les arbitrages budgétaires ont été faits avec une vision à court terme, contraints par les questions de déficit public. Alors, pourquoi dépenser de l'argent pour des stocks ou pour investir plus dans des exercices de simulations de crises lorsque l’on ne discerne pas la menace ? Le coût économique engendré par cette pandémie sera infiniment plus lourd qu'il aurait été avec une anticipation et des stocks de bon niveau. Toutefois il est extrêmement difficile de calibrer ce bon niveau.  Le Pr Olivier Sibony de HEC fait une présentation passionnante du phénomène des biais qui amène au retard à la décision. Cette vidéo se veut être un outil utile à la réflexion au moment où chacun s’inquiète face aux informations contradictoires et surtout face à ses certitudes. Elle me semble indispensable à voir ! Sur le plan opérationnel, la publication récente d’un spécialiste de l'épidémiologie dans le monde apporte aussi des éléments de réflexions sur la question fondamentale de l’anticipation. […]

Liens utiles

Cette newsletter est éditée par Gustave Roussy, sous la direction éditoriale du Pr Fabrice Barlesi et avec la coordination du Dr Antoine Crouan.

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