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GUSTAVE ROUSSY
1er centre de lutte contre le cancer en Europe, 4 000 professionnels mobilisés

Covid-19 News | 3 avril 2020

Synthèse d'actualités scientifiques liées au Covid-19, réalisée par des experts de Gustave Roussy.

Recherche

La recherche de Gustave Roussy mobilisée contre le Covid-19

Acteur majeur de la recherche médicale internationale, Gustave Roussy s'est impliqué dès la première heure dans les efforts de recherche sur le cancer et le Covid-19.

L’Institut participe pleinement à la recherche mondiale pour comprendre comment la pandémie touche les malades atteints de cancer, accroître les connaissances sur le virus pour mieux le détecter chez ces patients spécifiques, mieux prévenir ses complications et leurs impacts sur le traitement, identifier ses failles et, plus spécifiquement, traiter au mieux les patients atteints de cancer et touchés par le Covid-19.

Les équipes de Gustave Roussy développent ou participent ainsi à différentes études, récemment lancées ou sur le point de l’être, à la fois en recherche clinique et translationnelle.

Covid-19 News axes de la recherche

Les axes de la recherche : cliniques, radiologiques, immunologiques (cytokine storm) et thérapeutiques (phase virale et phase immunologique.)

Dose d’exposition, charge virale et prédiction des symptômes cliniques : pour une médecine de précision contre Covid-19

Alexandre Bobard - Gustave Roussy

Au premier abord ce graphe laisse à penser que les personnes de 0 à 59 ans sont relativement épargnées (sCFR représente le risque de décès, ici Wuhan en Chine).

En revanche, la tendance est beaucoup plus progressive concernant le risque de développer des symptômes suite à une infection ce risque augmente avec l’âge (4% par an pour les 30-59 ans).

Covid-19 News Dose d’exposition

Le fait que la mortalité à Covid -19 touche essentiellement la population âgée de plus de 60 ans ne doit pas nous empêcher d’étudier d’autres facteurs prédictifs potentiels. Que penser de Li Wenliang, l’ophtalmologiste chinois lanceur d’alerte sur l’épidémie décédé d’une forme extrêmement sévère de Covid-19… à 33 ans. Tout comme Xia Sisi (médecin à l’hôpital de Wuhan) à 39 ans, alors qu’une infirmière de Wuhan de 29 ans est tombée dans un état critique au point d’avoir de fortes hallucinations. D’autres exemples apparaissent maintenant en Europe et aux USA de médecins quarantenaires, sur le front de la maladie, très sévèrement malades. La dose d’exposition au virus serait-elle donc corrélée avec la sévérité des symptômes ? Pour l’instant les professionnels de santé des urgences ne présentent pas une mortalité plus élevée, mais souffrent-ils de symptômes plus sévères ?

La relation dose/sévérité, montrée pour le SARS, la rougeole, la fièvre hémorragique, la variole et certaines souches de la grippe, est complètement intuitive pour les immunologistes : une infection est une bataille. Le Kampf  défini par Metchnikov est une course contre la montre entre le microbe et l’organisme avec gains et pertes de territoire. Mais étudier la relation dose/sévérité sur SARS-CoV-2 (en cours) implique de pouvoir par la suite, mesurer simplement et efficacement la charge virale d’un individu afin de pouvoir prédire la sévérité des symptômes : une étude récente montre par exemple que des cas sévères de Covid -19 présentent 60 fois plus de virus dans les nasopharynx que des malades Covid -19 peu symptomatiques. Si cette relation est avérée, en cas de nouvelle vague épidémique, cela impactera :

  • l’efficacité du triage des patients, avec une meilleure détection des cas potentiellement graves nécessitant hospitalisation, par dosage du virus
  • le contrôle de la dose d’exposition au virus, par la mise au point d’un système de dosimétrie virale individuelle (challenge technologique à relever), comme dans le domaine de la radiothérapie
  • la prise en charge du patient, avec adaptation des soins pour ceux qui sont exposés à de forte dose comme les soignants des Urgences ou les personnes ayant cohabitées avec des personnes décédées du virus.

Il faut commencer à doser le virus chez les malades dans les sécrétions nasales et respiratoires, en particulier chez les patients à risques : traquer le virus, le quantifier, observer les variations, corréler avec les symptômes cliniques et la réponse immunitaire. L’objectif est de mettre au point une stratégie de dépistage, de soin et d’isolation plus ciblée : une médecine de précision pour Covid-19, comme pratiquée en oncologie, en adaptant la dose de médicament en fonction de la biologie, en stratifiant le risque et la réponse thérapeutique.

Source principale : The New Yorker, 26 mars 2020 par Siddhartha Mukherjee “How Does the Coronavirus Behave Inside a Patient?”

Source pour les graphiques : Nature Medicine, 19 mars 2020 « Estimating clinical severity of COVID-19 from the transmission dynamics in Wuhan, China

Confinement

L'impact psychologique du confinement et comment le réduire – Méta-analyse

Source : The Lancet – 26 février 2020 - Résumé d’après Sandrine Proust – Gustave Roussy

Plus de 3 100 études ont été identifiées et 24 ont été retenues pour cette analyse sur les effets négatifs du confinement et sur l’importance d’un message clair des autorités sanitaires tant sur les objectifs de la mesure que sur les comportements à adopter. Ces études font état des symptômes de stress post-traumatique (SSPT), de confusion et de colère. Ils sont liés aux facteurs de durée, de peur du risque d’infection, frustration, ennui, carence de certains produits de consommation, information inadaptée ou tronquée, perte de revenus, stigmatisation. Certaines études suggèrent des effets durables du confinement, des mois après l’arrêt de la mesure.

Plusieurs études ont comparé les résultats psychologiques de personnes mises en quarantaine à ceux de personnes poursuivant normalement leurs activités. Leurs conclusions : des personnels hospitaliers déclarent, après la fin d’une période de quarantaine de 9 jours, des symptômes de stress aigu. Le personnel mis en quarantaine s’avère plus susceptible de signaler l'épuisement, le détachement des autres, l'anxiété, l'irritabilité, l'insomnie, des difficultés de concentration, l'indécision, une baisse d’efficacité et de motivation au travail. Des scores moyens de SSPT sont 4 fois plus élevés chez les enfants confinés versus ceux non mis en quarantaine et 28% des parents mis en quarantaine présentent des symptômes suffisants pour justifier un diagnostic de trouble de santé mentale (contre 6% des parents non mis en quarantaine).

Une étude décrit les différentes réponses négatives à la quarantaine, chez un millier de personnes atteintes du SRAS : plus de 20% ont signalé de la peur, 18% de la nervosité, 18% de la tristesse et 10% de la culpabilité. Seuls 5% rapportent des sentiments de bonheur et 4% de soulagement.

Des effets durables sont constatés et font état, 3 ans après l'épidémie de SRAS, d’une association avec l'abus d'alcool et de la dépendance. Chez les personnels de santé on constate une tendance à « éviter » les patients qui toussent, les endroits clos et bondés, à se laver des mains fréquemment, à éviter des foules.

Quelles conséquences psychologiques pour les professionnels de santé ? Ils expriment davantage de souffrance que la population générale et dans toutes les dimensions évoquées : plus de stigmatisation (infirmier-ère en libéral), de comportements d'évitement et de conséquences psychologiques (colère, agacement, peur, frustration, culpabilité, impuissance, isolement, de solitude, nervosité, tristesse, inquiétude).
Quels sont les facteurs les plus « stressants » du confinement ? Sa durée est associée et dose-dépendante à une mauvaise santé mentale, aux symptômes de stress post-traumatique, aux comportements d'évitement et à la colère. Les personnes confinées pendant plus de 10 jours présentent des symptômes de stress post-traumatique plus élevés. La frustration est d’autant plus grande que l’on n’est pas en charge des activités quotidiennes, telles que les achats de produits de première nécessité, mais aussi d’anxiété et de colère. Ces sentiments peuvent perdurer des mois après la fin du confinement. Ne pas être en mesure de recevoir les soins médicaux et les prescriptions habituelles est une source d’angoisse pour certains participants.

Cette analyse conclut qu’une information de mauvaise qualité de la part des autorités de santé, un manque de transparence, des lignes directrices peu claires sur les comportements à adopter, une confusion sur l'objectif du confinement ; conduit le public à craindre le pire.
Les chercheurs préconisent écrivent : « les autorités devraient instaurer les confinements pour une durée n'excédant pas celle requise, apporter une justification du confinement et des protocoles clairs, en s’assurant que les personnes confinées aient accès aux produits et services de première nécessité. Enfin, l’appel à l'altruisme, en rappelant le bénéfice commun du confinement, peut être un élément positif.

Gustave Roussy a mis en place un dispositif de soutien psychologique permanent pour les patients et leurs proches et pour les soignants et autres salariés. Ce dispositif intègre des psychologues, psychiatres, soignants, bénévoles associatifs, en lien avec toutes les unités hospitalières avec une disponibilité présentielle, téléphonique et digitale permanente.

Interventions pour atténuer la propagation précoce du SARS-CoV-2 - Singapour

Source : The Lancet – 23 mars 2020 – Résumé

Singapour

La mise en œuvre de l'intervention combinée de mise en quarantaine des personnes infectées et des membres de leur famille, de l'éloignement du lieu de travail et de la fermeture des écoles une fois la transmission communautaire détectée pourrait réduire considérablement le nombre d'infections au Sars-CoV-2.

Nous recommandons donc le déploiement immédiat de cette stratégie si la transmission secondaire locale est confirmée à Singapour.
Cependant, la quarantaine et l'éloignement du lieu de travail devraient être prioritaires sur la fermeture de l'école car à ce stade précoce, les enfants symptomatiques ont des taux de retrait de l'école plus élevés que les adultes symptomatiques du travail.

À des proportions asymptomatiques plus élevées, l'efficacité de l'intervention pourrait être considérablement réduite, ce qui nécessiterait une prise en charge et des traitements efficaces et des mesures préventives telles que des vaccins.

Confinement n’est pas sédentarité

Source : Académie nationale de Médecine - 30 mars 2020

Dans le contexte pandémique, les décisions de confinement et de distanciation sociale limitent le niveau d’activité physique et augmentent le temps passé en position assise (sédentarité) ce qui n’est pas sans conséquences sur l’état de santé.

La pratique régulière d’une activité physique et la réduction de la sédentarité préviennent la plupart des maladies chroniques et améliorent l’état de santé des patients déjà porteurs de telles affections. Le confinement crée un état de « déconditionnement » progressif mais réversible. Il est caractérisé par une fatigabilité musculaire et une perte de la masse musculaire de 3,5 % à 5 jours d’inactivité musculaire, de 8 % à 14 jours, de 0,4 %/j sur 3-4 semaines. La perte de force musculaire qui affecte surtout les membres inférieurs est évaluée à 9 et 23 % après 5 et 14 jours est associée à une fatigabilité importante qui se traduit par l’incapacité à maintenir une contraction prolongée. Cette perte de fonction du muscle est non seulement liée à la perte de masse musculaire, mais aussi à des altérations de la contractilité musculaire. L’inactivité affecte le flux d’informations sensitives profondes  vers le cerveau, réduisant la commande motrice qui majore la fonte musculaire, soit un cercle vicieux dont il faut prévenir l’installation.

Une situation de confinement de 4 à 6 semaines est une cause d’amyotrophie et de déconditionnement musculaire délétères pour la santé. La mobilité et le maintien postural s’en trouvent affectés, ce qui majore la perte d’autonomie et le risque de chute chez les personnes âgées. Une activité musculaire adaptée doit donc être recommandée précocement.

Face à une situation de confinement qui s’annonce durable, l’Académie nationale de Médecine recommande :

  • de réduire le temps quotidien passé en position assise et d’interrompre ces périodes par quelques minutes de marche et d’étirements pour toutes les classes ;
  • de pratiquer des exercices adaptés de renforcement musculaire, de la plus grande importance pour les personnes âgées ;
  • de consacrer 30 mn/j à une activité dynamique, en plusieurs périodes de 5-10 minutes ;
  • d’accompagner ces mesures par une réduction des apports alimentaires quotidiens, régularité des repas, pris en famille et sans télévision, restriction des sodas et boissons à saveur sucrée.

Il convient de toujours garder présent à l’esprit qu’en cas d’apparition de fièvre ou de signes respiratoires, toute activité physique ou sportive devient contrindiquée.

Thérapeutique

L’utilisation de plasma convalescent pour traiter Covid-19

Source : Jama – 27 mars 2020 – Résumé d’après Semih Dogan – Gustave Roussy

Une étude préliminaire dans JAMA le 27 mars rapporte les résultats d’un petit essai mené à Shenzhen en Chine et visant à soigner cinq malades coronavirus Covid-19 gravement malades avec du plasma de patients guéris.

Tous les patients avaient une insuffisance respiratoire sévère et étaient placés sous ventilation mécanique ; un patient était sous oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) et deux patients avaient une pneumonie bactérienne et/ou fongique. Quatre patients qui n’avaient pas de comorbidité ont reçu du plasma convalescent au vingtième jour d’hospitalisation, et un patient qui souffrait d'hypertension et d'insuffisance mitrale a reçu la transfusion de plasma au dixième jour d’hospitalisation. Il avait été démontré que le plasma du donneur contenait des anticorps IgG et IgM anti-SARS-CoV-19 et neutralisait le virus in vitro.

Bien que ces patients aient continué de recevoir un traitement antiviral - principalement par le lopinavir/ritonavir et l'interféron, l'utilisation de plasma convalescent peut avoir contribué à leur rétablissement car l'état clinique de tous les patients s'est amélioré environ une semaine après la transfusion, comme en témoigne la normalisation de la température corporelle, l’améliorations du score séquentiel défaillance d'organes d'évaluation (SOFA) et de l’hypoxémie (rapport Pao2 / Fio2). De plus, les titres d’anticorps neutralisants des patients ont augmenté et les échantillons respiratoires ont été testés négatifs pour le Sars-CoV-2 entre 1 et 12 jours après la transfusion.

Il s’agit évidemment d’une petite étude avec des limites (notamment essai non randomisé, pas de groupe témoin), elle offre la perspective que cette thérapie bien connue soit évaluée dans un essai plus rigoureux.

Transmissions intermédiaires

Les pangolins, hôtes intermédiaires de la transmission à l’Homme de Covid-19 et potentiel réservoir pour des futurs coronavirus ?

Source : Nature – 20 mars 2020

A priori, les souches trouvées chez des pangolins en Chine sont de la même espèce que Sars-CoV-2, mais ne seraient pas assez proches pour envisager une transmission à l’Homme. Mais cela pourrait se produire dans le futur, donc ces experts préconisent d’empêcher le commerce de cet animal (en vente dans certains marchés alimentaires en Asie).

pangolins, hôtes intermédiaires

Sensibilité des furets, chats, chiens et animaux domestiques au SARS-CoV-2

Source : preprint-bioRxiv - 31 mars 2020 - Chinese Academy of Agricultural Sciences

On pense que le Sars-CoV-2 est originaire de chauves-souris ; cependant, les sources animales intermédiaires du virus sont complètement inconnues. Ici, nous avons étudié la sensibilité des furets et des animaux en contact étroit avec les humains au Sars-CoV-2. Nous avons constaté que le Sars-CoV-2 se réplique mal chez les chiens, les porcs, les poulets et les canards, mais efficacement chez les furets et les chats. Nous avons constaté que le virus se transmet aux chats via des gouttelettes respiratoires. Notre étude fournit des informations importantes sur les réservoirs d'animaux du Sars-CoV-2 et la gestion des animaux pour le contrôle du Covid-19.

Liens utiles

Séminaire CESP sur Covid-19 Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations – 1er avril 2020 - Vidéos – interventions sur : épidémiologie, thérapeutique, prévention, éthique, impact psychologique, addiction (Catherine Hill, André Gilibert, Agnès Dumas, Léo Coutelec, Bruno Falissard, Jean-Pierre Couteron).

Les patients atteints de coronavirus trahis par leurs propres systèmes immunitaires Source : New York Times - 1er avril 2020 - Gustave Roussy cité (L. Albiges, F. André)

En première ligne de la pandémie de Covid-19 en France Source : UROTODAY –  24 mars 2020 - Vidéo 16 mn (Karim Fizazi)

Outils et ressources soins palliatifs et Covid-19 Source : Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP)

Site web d'accompagnement pour les personnes atteintes de cancer Source : myCharlotte – Soutenu par les Centres de lutte contre le cancer

Tableau de bord France - Source : Mapthenews

Temporal profiles of viral load in posterior oropharyngeal saliva samples and serum antibody responses during infection by SARS-CoV-2: an observational cohort study Source : The Lancet – 23 mars 2020

Estimating the number of infections and the impact of non-pharmaceutical interventions on Civid-19 in 11 European countries Source : Imperial College London -30 mars 2020

The effect of control strategies to reduce social mixing on outcomes of the COVID-19 epidemic in Wuhan, China: a modelling study Source : The Lancet – 25 mars 2020

Cancer guidelines during the Covid-19 pandemic Source : The Lancet -  2 avril 2020

Covid-19: global consequences for oncology Source – Lancet Oncology - 1er avril 2020

REACTing – Research and Action Inserm : a multi-disciplinary collaborative network of French research institutions working on emerging infectious diseases, which aims to prepare and respond to epidemics.

 

Cette newsletter est éditée par Gustave Roussy, sous la direction éditoriale du Pr Fabrice Barlesi et avec la coordination du Dr Antoine Crouan.

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