ASCO 2023
Cancers des voies urinaires – Preuve de la supériorité d’une thérapie ciblée par rapport au standard de traitement
L’étude THOR, coordonnée par le Dr Yohann Loriot, Chef adjoint du département de l’Innovation thérapeutique et des essais précoces de Gustave Roussy, a été présentée au sein d’une session inédite du congrès de l’ASCO 2023. Cet essai multicentrique de phase 3 randomisé montre des bénéfices majeurs de l’erdafitinib sur la survie globale d’une cohorte de patients atteints de cancers métastatiques de la vessie et des voies urinaires hautes et porteurs d’anomalies (mutations ou fusions) des gènes FGFR2 et FGFR3 par rapport à un traitement de chimiothérapie. Avec un risque de décès diminué de 36 % et un taux de réponse de 45 %, cette thérapie ciblée devrait devenir un standard dans la prise en charge de ce type de cancer.
Abstract n° LBA 4619 présenté à l’oral par le Dr Yohann Loriot le 5 juin 2023
Touchant près de 15 000 personnes par an en France, le cancer urothélial, développé dans la vessie ou les voies urinaires hautes, est le plus fréquent des cancers urologiques après celui de la prostate. Près de 5 000 décès annuels lui sont imputables en France. Le traitement de première intention repose sur la chimiothérapie et de l’immunothérapie. Néanmoins, les rechutes restent fréquentes chez une majorité de patients dont la tumeur est découverte à un stade avancé ou devenant métastatique. Par ailleurs, près de 15 à 20 % des patients concernés ont une anomalie (mutation ou fusion) des gènes FGFR2 ou FGFR3 (récepteur au Fibroblast Growth factor).
L’étude THOR s’appuie sur les résultats d’un précédent essai de phase 2 mené par le Dr Loriot et montrant l’efficacité de l’erdafitinib chez des patients atteints de cancers urothéliaux métastatiques. Cette nouvelle thérapie ciblée est un inhibiteur des FGFRs.
Bénéfice clinique sur la survie globale
L’étude internationale de phase 3 THOR a inclus 266 patients atteints de cancers urothéliaux métastatiques porteurs d’une mutation ou fusion du gène FGFR2 ou FGFR3. Tous les patients avaient reçu au préalable au moins une ligne de traitement à base d’immunothérapie. Après tirage au sort, les patients ont été traités soit par l’erdafitinib (8 mg) par voie orale quotidienne, soit par une chimiothérapie selon le choix de l’investigateur (docétaxel ou vinflunine). Le critère principal de l’étude était la survie globale.
Les résultats intermédiaires indiquent un risque de décès réduit de 36 % dans le groupe erdafitinib avec un prolongement de survie globale médiane d’un an. Le taux de réponse est lui aussi supérieur avec un résultat de 45,5 % pour les patients chez qui la thérapie ciblée avait été administrée contre 12 % dans le groupe de la chimiothérapie. L’erdafitinib a également amélioré de manière significative la survie sans progression médiane (5,6 mois versus 2,7 mois). « Le bénéfice de survie est observé quel que soit le type d’anomalie (mutation ou fusion), le nombre de lignes de traitement antérieures reçues, la présence de métastases ou non et le type de tumeur primitive (cancer de vessie ou des voies urinaires supérieures) » précise le Dr Yohann Loriot, investigateur principal de l’étude.
Les principaux effets indésirables rapportés et déjà connus sont l’hyperphosphatémie, le syndrome main-pied et une rétinopathie séreuse centrale.
« L’erdafitinib, première thérapie ciblée autorisée aux Etats-Unis dans le cancer de la vessie avancé, devrait devenir un nouveau standard dans la prise en charge des cancers urothéliaux métastatiques, ce qui implique de rechercher les anomalies FGFR2/3 chez tous les patients avec ce type de tumeurs présentant des métastases » explique le Dr Yohann Loriot.
L’étude THOR pourrait ouvrir la voie à son autorisation en Europe. En France, cette thérapie ciblée n’est pour le moment uniquement disponible qu’en accès compassionnel.