Récemment publiés dans la prestigieuse revue Cancer Discovery, les résultats d'une étude portée par Gustave Roussy prouvent pour la première fois que l'analyse du portrait moléculaire d'une tumeur cancéreuse permet d'identifier la thérapie la plus adaptée et d'améliorer le pronostic des patients. Appelée MOSCATO (MOlecular Screening for Cancer Treatment Optimization), cette étude est la plus importante à ce jour en médecine de précision, qui vise à personnaliser le traitement en fonction des anomalies génétiques de la tumeur d'un patient.
Mené de 2011 à 2016, l'essai MOSCATO s’adressait à des patients présentant différents types de cancer et dont la maladie continuait à évoluer malgré les traitements. En pratique, il consistait à effectuer une biopsie de la tumeur, à réaliser son analyse moléculaire et à identifier d'éventuelles altérations génétiques afin de proposer un traitement ciblé correspondant aux anomalies détectées.
"Dans cette étude nous avons établi la carte génétique tumorale de 843 patients ce qui représente l’analyse de milliers de gènes. Chez environ la moitié des patients, nous avons trouvé des mutations contre lesquelles il est possible d’agir. Au final, environ un quart des patients a pu recevoir une thérapie ciblée et chez 33 % de ces patients, la thérapie ciblée a freiné la maladie", explique le Pr Jean-Charles Soria, Chef du Département de l’Innovation Thérapeutique et des Essais Précoces (DITEP) de Gustave Roussy
Les thérapies ciblées qui ont pu être proposées aux patients dans le cadre de MOSCATO étaient essentiellement évaluées en essais de phase I, également appelés essais cliniques précoces.
"Maintenant que nous avons démontré un bénéfice clinique, nous cherchons à le quantifier dans le cadre d’une autre étude appelée SAFIR 02, promue par UNICANCER. Nous voulons également augmenter le nombre de patients qui pourraient bénéficier de la médecine de précision. C’est l’objectif de MOSCATO 02, où nous allons évaluer les portraits moléculaires établis à partir d’une prise de sang et de l’ADN circulant, mais aussi tenter de mieux comprendre les processus de résistance", conclut le Pr Soria.