11/12/2020

Recherches "Cancer & Covid-19" : premiers résultats

Face à une crise sanitaire sans précédent et forts de ressources scientifiques et technologiques de pointe, les experts de Gustave Roussy ont lancé au printemps dernier un programme de recherche d’envergure associant cancer et Covid-19.

Objectif du programme : améliorer les traitements contre la Covid-19, en particulier pour les malades du cancer. Des avancées majeures ont déjà été réalisées par nos chercheurs, grâce à leur expertise mais aussi grâce à la générosité des donateurs et mécènes de Gustave Roussy, qui en ont permis l’accélération.

Pour pousuivre ces travaux de recherche à fort impact, votre soutien reste essentiel.

Etudes cliniques : vers une prise en charge optimisée

ScanCovIA : prédire la sévérité de la COVID-19 grâce à l’intelligence artificielle

Cette étude mise sur l’analyse croisée de paramètres cliniques, biologiques et radiologiques par une intelligence artificielle et utilise un outil-clef : le scanner thoracique 3D, qui évalue l’ampleur et la nature des lésions au niveau du thorax et diagnostique les atteintes pulmonaires.

L’intelligence artificielle a ainsi analysé simultanément les données issues de l’imagerie mais aussi les données cliniques, biologiques et les antécédents des 1 000 patients inclus dans l’étude.

Premiers résultats :

En combinant cinq paramètres cliniques et biologiques au scanner 3D deap learning, ScanCovIA a démontré que l’intelligence artificielle était capable de prédire de manière précise l’évolution d’un malade atteint de Covid19 (complications, nécessité d’une assistance respiratoire…).

Prochaine étape :

Intégrer cet algorithme au scanner 3D de Gustave Roussy. Concrètement, dès qu’un patient avec des symptômes respiratoires sera pris en charge, l’algorithme sera activé lors du scanner 3D afin de déterminer la sévérité de la Covid-19.

Pr Nathalie Lassau, radiologue, directrice adjointe de l’unité BIOMAPS et principale investigatrice de l’étude : "Grâce à l’intelligence artificielle, nous pouvons essayer de quantifier l’atteinte pulmonaire. En cinq minutes, le scanner est capable de nous donner un résultat. Dans ce cas, l’intelligence artificielle est utile et fait gagner un temps précieux pour analyser les données".

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ONCOVID : prédire l’évolution de l’infection de la COVID-19 chez les patients atteints de cancer

L’étude ONCOVID vise à mieux antici­per l’évolution de l’infection pulmonaire due à la Covid-19 chez les malades du cancer, afin de la traiter le plus efficacement possible sans interrompre leur prise en charge.

Les patients atteints de cancer présentent des formes plus graves de Covid-19 en cas de chute de leurs lymphocytes sanguins, les défenses immunitaires étant attaquées par le virus lui-même. Les chercheurs se sont donc attachés à analyser l’incidence et la sévérité de cette infection pulmonaire chez 472 patients atteints de cancers nécessitant des séjours hospitaliers réguliers et des trai­tements lourds (chimiothérapies, immuno­thérapies, médecine de précision).

Premiers résultats :

Les chercheurs du laboratoire "Immunologie des tumeurs et immunothérapie" de Gustave Roussy ont découvert que la présence du virus était prolongée chez les malades présentant des tumeurs malignes d’un facteur deux et que l’élimination du virus était plus lente, surtout chez les patients atteints de cancers du sang et de cancers métastatiques. La diminution du nombre de lymphocytes induite par le virus engendre une aggravation de la maladie cancéreuse pour les patients asymptomatiques de Covid-19, mais également pour les patients avec une maladie Covid-19 sévère. Un test de réactivité cellulaire mis en place au sein de l’équipe, démontre que seulement 50 % des patients en convalescence ont "une mémoire" contre la Covid-19.

Prochaine étape :

D’autres tests immunologiques se poursuivent, en vue de préciser davantage ces résultats pour optimiser la prise en charge des patients.

Un effort de recherche particulier sera concentré sur les patients dont le pronostic est aggravé par la Covid-19. A ce jour, les analyses n’ont pas démontré l’efficacité d’un médicament existant. Des tests à partir de médicaments en cours de développement sont à venir.

Pr Laurence Zitvogel, directrice de l’unité de recherche Inserm 1015 "Immunologie des tumeurs et immunothérapie" : "Nous avons inclus 472 patients porteurs de cancers - des tumeurs localisées, avancées et/ou métastatiques - dans l’étude ONCOVID de Gustave Roussy. Notre objectif est de poursuivre nos recherches sur une cohorte de 1 000 patients".

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Etude cellulaire : vers de nouvelles cibles thérapeutiques contre la Covid-19

L’infection à la Covid19 entraîne chez certains patients une réaction immunitaire incontrôlée qui vient aggraver l’insuffisance respiratoire. Face à ce constat, les chercheurs ont lancé une étude visant à comprendre les mécanismes immunitaires impliqués contre le nouveau coronavirus, afin de développer de nouvelles thérapies destinées à contrôler cette réaction immunitaire et donc cette aggravation.

L’étude cellulaire a révélé que les patients atteints d’une forme grave de la Covid-19 présentaient un déficit des fonctions de l’immunité innée des cellules myéloïdes (une fraction des globules blancs), associé à un taux très élevé de calprotectine (une protéine pro-inflammatoire) dans le sang. Grâce à une prise de sang et au taux de calprotectine présent, on peut prédire si un patient atteint de la Covid-19 développera une forme grave ou non.

Premiers résultats :

Ces résultats - publiés dans la prestigieuse revue Cell – vont permettre de proposer, dès la prise en charge, un test diagnostique pour identifier rapidement les patients risquant de développer une forme sévère de la maladie COVID-19 et ouvrent la voie à une approche thérapeutique inédite consistant à bloquer le récepteur de la protéine calprotectine.

Prochaine étape :

Évaluer ces stratégies au moyen d’un essai clinique.

Aymeric Silvin, chercheur à Gustave Roussy : "La calprotectine pourrait être responsable de l’aggravation de la Covid19, puisque sa quantité corrèle avec les besoins en oxygène ainsi que les facteurs impliqués dans la thrombose".

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Etude épidémiologique : vers une meilleure identification des populations touchées par la Covid-19

Une cohorte désigne un large échantillon d’individus volontairement engagés dans une étude. Dans le cas d’études épidémiologiques telles que SAPRIS et SAPRIS -SERO, les participants répondent à des questionnaires sur leur santé et leurs habitudes de vie, et donnent leur sang ou leur salive. En avril-mai 2020, cinq grandes cohortes françaises (Constances, E3N-E4N, NutriNet-Santé, Elfe et Epipage) ont collaboré à la lutte contre la Covid-19, avec près de 120 000 participants aux projets SAPRIS et SAPRIS-SERO.

Premiers résultats :

  • En Ile-de-France et dans le Grand-Est respectivement 10 % et 9 % des adultes avaient été infectés avant juin
  • En Nouvelle-Aquitaine (une région plus préservée), 3 % des adultes avaient été infectés avant mai
  • Les 30-50 ans étaient davantage infectés que les plus âgés
  • La présence d’enfant(s) au domicile se traduisait par davantage d’infections
  • 1 personne testée positive sur 2 avait eu des symptômes évocateurs 15 jours avant (fièvre, toux, maux de tête), notamment une perte de goût ou d’odorat pour 1 sur 4
  • Les mêmes symptômes se retrouvaient chez des personnes négatives même si avec une fréquence plus faible (sans doute infectées par d’autres maladies saisonnières)
  • 1 personne testée positive à la Covid-19 sur 5 n’avait aucun symptôme

* D’après 14 500 premiers échantillons prélevés en mai 2020

Prochaine étape :

Poursuite de ces investigations à travers deux nouvelles campagnes de tests sanguins.

Dr Gianluca Severi, chercheur à l’Inserm, co-dirige l’étude SAPRIS hébergée à Gustave Roussy : "Pouvoir contacter très vite un grand nombre d’individus prêts à aider la recherche et dont la santé et les maladies antérieures sont déjà connues des chercheurs a représenté un gain de temps précieux face à une épidémie nouvelle s’étendant à un rythme effréné".

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