Villejuif, le 17 avril 2020

Nature Medicine
Adaptation des prises en charge du cancer dans le contexte du covid-19 : partage d’expérience

La pandémie de Covid-19 contraint d’adapter les prises en charge thérapeutiques des patients atteints de cancer avec l’objectif de maintenir la meilleure qualité de soins possible pour éviter les pertes de chance et également prévenir les souffrances psychologiques. Gustave Roussy et six autres grands centres européens de lutte contre le cancer regroupés au sein du réseau européen Cancer Core Europe publient dans la revue de référence Nature Medicine les mesures qu’ils ont mises en place pour contenir la propagation du virus et protéger les patients atteints de cancer que la maladie et les traitements rendent particulièrement vulnérables, ainsi que les modalités de poursuite des traitements oncologiques pendant la crise sanitaire.

Dans cet article de Nature Medicine, les sept centres européens de cancérologie partagent leur expérience et les choix qu'ils ont dû faire en réponse à l’épidémie de Covid-19. En l'espace de quelques semaines seulement, tous les centres ont dû revoir et réorganiser les prises en charge de leurs patients et développer des programmes de recherche adaptés.

« Face à cette situation inédite, nous ne pouvons plus uniquement nous appuyer sur les connaissances cliniques validées et acquises au fil des années de recherche, tout est bouleversé », explique le Pr Jean-Charles Soria, directeur général de Gustave Roussy. « Médecins et soignants doivent mobiliser tout leur savoir-faire et leur expérience pour prendre des décisions qui sont le fruit d’une analyse médicale et scientifique et qui intègrent de nouveaux paramètres médicaux et éthiques. C'est pourquoi nous partageons aujourd’hui notre expérience avec la communauté médicale afin que d'autres centres ou services qui prennent en charge des malades atteints de cancer puissent s’appuyer sur cette expérience collective afin de les aider et faciliter leur prise de décision ».

En synthèse, plusieurs leviers peuvent être activés par les institutions. Pour assurer la continuité des soins contre le cancer il apparait nécessaire de :

  • adapter la clinique et les visites à l’hôpital dans la mesure du possible, favoriser les téléconsultations lorsque l’examen clinique n’exige pas la présence du patient pour limiter la propagation du Covid-19 dans les centres de lutte contre le cancer,
  • ajuster les thérapeutiques et réviser les protocoles de traitement, reporter les chirurgies qui peuvent l’être et proposer des prises en charge alternatives quand cela est possible en radiothérapie et/ou traitements médicaux, et traiter les urgences en priorité, maintenir l’accueil des patients nouvellement diagnostiqués et initier sans attendre les prises en charge urgentes,
  • maintenir la communication avec les patients ainsi que les soins psychosociaux, en étant toujours disponibles (par le biais des moyens digitaux par exemple),
  • préserver les ressources en personnel qualifié : la capacité à tester rapidement et efficacement les personnels au Covid-19 est essentielle pour assurer la continuité des soins dans les centres de lutte contre le cancer,
  • développer des échanges et collaborations avec d’autres établissements, pour s’adapter au plus vite aux connaissances qui émergent.

« Nous allons aussi apprendre de cette crise et il en sortira certainement des choses positives comme par exemple davantage de prises en charge basée sur la téléconsultation, des protocoles de désescalade thérapeutique » conclut le Pr Soria.

En collaboration avec d’autres centres dans le monde, Cancer Core Europe va produire de nouvelles données qui seront régulièrement partagées.

Source
Caring for patients with cancer in the COVID-19 era

Publié le 16 avril 2020 dans Nature Medicine
https://doi.org/10.1038/s41591-020-0874-8

Joris van de Haar1,2,3, Louisa R. Hoes1,3, Charlotte E. Coles4, Kenneth Seamon4, Stefan Fröhling5,6, Dirk Jäger7, Franco Valenza8,9, Filippo de Braud8,9, Luigi De Petris10,11, Jonas Bergh10,11, Ingemar Ernberg12, Benjamin Besse13, Fabrice Barlesi13,14, Elena Garralda15, Alejandro Piris-Giménez15, Michael Baumann5,16, Giovanni Apolone9, Jean Charles Soria13, Josep Tabernero15, Carlos Caldas4,17 and Emile E. Voest1,3

1 Division of Molecular Oncology & Immunology, The Netherlands Cancer Institute, Amsterdam, the Netherlands.
2 Division of Molecular Carcinogenesis, The Netherlands Cancer Institute, Amsterdam, the Netherlands.
3 Oncode Institute, The Netherlands Cancer Institute, Amsterdam, the Netherlands.
4 Cancer Research UK Cambridge Cancer Center, Cambridge, UK.
5 German Cancer Consortium, Heidelberg, Germany.
6 Division of Translational Medical
Oncology, National Center for Tumor Diseases Heidelberg and German Cancer Research Center, Heidelberg, Germany.
7 Department of Medical Oncology, National Center for Tumor Diseases Heidelberg and Heidelberg University Hospital, Heidelberg, Germany.
8 Università Statale di Milano, Milan, Italy.
9 Fondazione IRCCS Istituto Nazionale dei Tumori di Milano, Milan, Italy.
10 Department of Oncology and Pathology, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden.
11 Theme Cancer, Karolinska University Hospital, Stockholm, Sweden.
12 Department of Microbiology, Tumor and Cell Biology, Karolinska Institute, Stockholm, Sweden.
13 Gustave Roussy Cancer Campus, Villejuif, France.
14 Aix Marseille University, CNRS, INSERM, CRCM, Marseille, France.
15 Department of Medical Oncology, Vall d’Hebron University Hospital, Vall d’Hebron Institute of Oncology, Barcelona, Spain.
16 German Cancer Research Center, Heidelberg, Germany.
17 Department of Oncology and Cancer Research UK Cambridge Institute, Li Ka Shing Center, University of Cambridge, Cambridge, UK.

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