Covid-19 News | 10 avril 2020

Synthèse d'actualités scientifiques liées au Covid-19, réalisée par des experts de Gustave Roussy.

COVID 19 news

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Etude évaluant le traitement de patients positifs au Covid-19 par du plasma riche en anticorps spécifiques

Source : Etablissement français du sang

L’Établissement français du sang participe à une étude, coordonnée par le Pr Karine Lacombe (AP-HP), évaluant le traitement de patients positifs au Covid-19 par du plasma riche en anticorps spécifiques anti-Covid-19, issus de donneurs ayant contracté la maladie et guéris. L’inclusion des premiers patients démarrera le 14 avril pour une durée prévisionnelle d’environ trois semaines. Il est important d’identifier rapidement les donneurs convalescents dès cette semaine. L’objectif est de recruter 100 donneurs par semaine. Les volontaires au don de plasma doivent être guéris (disparition de la fièvre, gêne respiratoire) depuis 14 jours.

Appel du Dr Valérie Lapierre, Gustave Roussy à participer : adressez un mail en donnant vos nom, prénom, date de naissance, sexe, poids, taille, adresse, téléphone. Précisez si vous êtes donneur de sang, la date du diagnostic Covid-19 et la date de fin des symptômes (fièvre, gêne respiratoire).

Schéma d'utilisation de sérums

Immunoglobulines hyperimmunes anti–Sars-CoV-2, un choix stratégique urgent

Source : Académie nationale de Médecine - 8 avril 2020

L’Académie nationale de Médecine recommande de constituer dès à présent des pools de plasmas prélevés chez des sujets immunisés (convalescents, ou guéris), ayant des titres d’anticorps élevés, afin de préparer des immunoglobulines hyperimmunes (IGHI) dans les règles de l’art […].

La France a les moyens scientifiques et industriels pour initier au plus vite des essais thérapeutiques et un programme de production qui pourrait avoir un impact rapide et important dans le traitement et la prévention de cette infection. C’est une urgence car la production industrielle et la mise sur le marché d’anticorps monoclonaux recombinants, nécessaires pour l’avenir, nécessiteront plus de temps.

Sérologie

Une nouvelle course démarre contre le Covid-19 : celle des tests sanguins

Pr Franck Griscelli - Gustave Roussy

Aujourd’hui, le dépistage s’effectue grâce à un prélèvement nasopharyngé pour rechercher l’ARN du sars-Cov-2 indiquant si une personne est infectée ou non, au temps T. À l’inverse, le test sanguin va permettre de savoir si une personne est immunisée contre le sars-Cov-2 (quel que soit le moment où elle a été infectée) grâce à la détection, dans le sérum, d’anticorps de type IgM (anticorps précoce) et IgG (anticorps conférant une immunité à long terme) capables de détruire le virus. L’apparition de ces anticorps est corrélée à la disparition du virus et signe de guérison. Ces tests sérologiques sont majeurs car ils permettront d’évaluer la part de la population immunisée pour adapter la stratégie de la sortie du confinement, et nous aidera, à Gustave Roussy, pour traiter les malades qui sont en attente de la mise en œuvre de leur stratégie thérapeutique.

cinétique des anticorps anti-sars-Cov-2

Figure montrant la cinétique des anticorps anti-sars-Cov-2 de type IgM et IgG apparaissant respectivement 7 et 14 jours après l’infection.

Le laboratoire de suivi du Covid-19 de Gustave Roussy travaille activement à la mise en place de ces tests sérologiques du Covid-19 qui seront disponibles d’ici la fin du moins d’avril.

Deux tests seront proposés pour les patients et le personnel soignant ; des tests rapides (réponses en 10 à 15 minutes) unitaires permettant la détection simultanée des IgM et des IgG, ainsi qu’une détection de ces anticorps par des techniques extrêmement sensibles utilisant des automates d’immuno-analyse à grand débit récemment installés au sein du département de BioPathologie, et dont la mise en œuvre se fait grâce à l’effort conjugué de toutes les équipes.

Prévention

Haut les Masques ! (même artisanaux)

Source : John Libey – 7 avril 2020 – Vidéo +++

Dans la polémique qui entoure l’utilité du port d’un masque pour enrayer l’épidémie de Covid-19, il est très irritant de voir les « experts » et le monde médical ne baser leur discours que sur la capacité de filtration des masques (FFP2, chirurgicaux, etc.). La « particule » de Sars-CoV-2 (le virus) est une sphère d’un diamètre approximatif de 125 nanomètres, soit 0,125 micron. Il est évident que la fabrication de masques imperméables à des objets aussi petits (10 fois plus petits que la plupart des bactéries) mais permettant la respiration est du ressort de processus industriels élaborés.

Mais l’intérêt hygiénique et social du port du masque ne tient pas seulement à sa qualité microbiologique (sa capacité à arrêter chaque particule), mais à sa capacité à modifier le flux de l’air exhalé par la bouche (quand on tousse et on parle) et par le nez (quand on respire ou qu’on éternue). C’est un problème de mécanique des fluides, pas de microbiologie.

La vidéo illustre mieux qu’un long discours l’effet du port d’un masque. En plus de rediriger le flux d’air, un masque, quelle que soit sa nature, servira aussi à protéger son porteur en épongeant les fameuses « gouttelettes » porteuses de virus qui pourraient l’atteindre (de l’intérieur comme de l’extérieur).

En résumé, les masques capables d’arrêter les virus, ne sont véritablement nécessaires qu’au sein d’une atmosphère dans laquelle flottent en permanence des particules (par exemple, des salles de soin), ce qui n’est heureusement pas le cas dans l’air que nous respirons en allant faire nos courses. En ce qui concerne la vie sociale, faire en sorte que le flux d’air exhalé par notre voisin (éventuellement porteur du virus) ne nous atteigne pas, doit être notre préoccupation. La meilleure solution pour cela est qu’il porte un masque, même très artisanal. Et tant que nous ne savons pas si nous sommes nous-même porteurs du virus (en l’absence de test), nous lui devons la réciprocité, et donc en porter un aussi.

Contamination lors de la pratique sportive

Les données de mobilité agrégées pourraient aider à lutter contre le Covid-19

Source : Science – 10 avril 2020 – Résumé d’après Semih Dogan, Gustave Roussy

L'épidémie de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) bat son plein, il est essentiel, dans ce contexte, de comprendre si les messages publics et les mesures de distanciation sociale à grande échelle sont efficaces. Dans une lettre publiée dans Science, des chercheurs américains issus des principales universités, hôpitaux et instituts de recherche, lancent un appel pour avoir accès aux données sur la mobilité de la population collectées par les entreprises privées (avec, cela va de soi, toutes les garanties juridiques de rigueur). En effet, ils expliquent que ces données agrégées peuvent aider à évaluer et affiner les différentes mesures adoptées en fournissant notamment des informations sur les changements des habitudes de déplacement de la population et cela en temps quasi réel.

Pour monitorer les mesures de distanciation sociale, par exemple, plutôt que de montrer les déplacements individuels, l’agrégation dans l'espace et le temps des informations provenant de plusieurs appareils permettent d’avoir une appréciation de la mobilité au niveau de la population. Les estimations des flux globaux de personnes sont extrêmement précieuses. Ainsi, une carte destinée à étudier l'impact des politiques de distanciation sociale sur les habitudes de déplacement de la population aidera les autorités locales à comprendre quels sont les messages les plus pertinents. Les mouvements des populations comparés aux mouvements habituels, hors période de crise, permettent de dire si les recommandations des autorités sont suivies. Ce type d’information et d’estimation sera également nécessaire en sortie de crise pour éviter les risques de résurgence. L’utilisation est bien entendu conditionnée à la mise en place d’accords d’utilisation des données garantissant une utilisation responsable ainsi que la mise en place d’outils de gestion des droits d’accès, de conformité juridique et d’éthique. A noter qu’il existe des précédents en Asie et en Europe. En Allemagne, Deutsche Telekom a partagé des données agrégées pour aider à évaluer la distanciation sociale, en accord avec la réglementation européenne en la matière. Les auteurs précisent que, plus ces analyses seront faites de façon transparente et en accord avec les législations en place, plus grande sera la confiance du public. Les risques associés doivent être regardés en face, réfléchis et pesés face aux bénéfices que peuvent apporter les données, ce qui en retour peut contribuer à réduire le nombre de morts parmi les populations vulnérables.

Les conditions de sortie du confinement très strictes du conseil scientifique

Source : avis du conseil scientifique Covid-19  - 2 avril 2020

Selon le dernier avis du conseil scientifique, un déconfinement interviendra longtemps après le pic de l'épidémie. Le conseil dresse la liste de plusieurs conditions, comme des enquêtes séro-épidémiologiques de terrain pour déterminer le taux de pénétration du virus Sars-CoV-2, dans chaque région. Le déconfinement ne pourra intervenir qu'une fois que les services hospitaliers auront récupéré un fonctionnement normal. Le conseil propose des critères de sortie du confinement et souligne des points d’attention relatifs aux populations à risque.

Physiopathologie

Physiopathologie

Source : ninja nerd science

Psychologie

La courbe du changement appliquée au Covid-19 : un processus d’apprentissage

Commentaires, Sandrine Proust – Gustave Roussy

L’ensemble des mesures prises contre le Covid-19 pour lutter contre la propagation du virus ont entraîné des bouleversements sociétaux inédits et majeurs. Apparentés à des changements de « type 2 » selon l’approche systémique (Paul Watzlawick), ces bouleversements entraînent une modification du système : celui-ci est transformé et se transforme et les règles qui le régissent subissent aussi par ruissellement des changements. Cette modification des règles d'un système humain engage une reconstruction de la réalité, un changement de ses fondamentaux ou des certitudes ancrées. La mise en œuvre d'un tel type de changement implique donc un nécessaire processus d'apprentissage pour s’adapter voire survivre, qui portera sur un changement de perceptions de la situation, d’émotions ressenties en conséquence, d'attitudes mentales qui produiront en retour un changement dans le système (individu, groupe, société). Le changement résultera soit de l'acquisition de connaissances nouvelles, soit d'une reconstruction de la réalité, cet apprentissage pouvant être conscient ou inconscient, de nature cognitive, émotionnelle, comportementale ou technique. Proche de la courbe du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross, la trajectoire de cet apprentissage suit deux grandes phases, une phase descendante caractérisée par la sidération, la peur, le refus, des attitudes parfois contre-productives et une phase de croissance orientée vers le futur, plus constructive, faite de découvertes de soi, de l’autre, de nouvelles conduites et de transformations plus heureuses selon les conditions d’émergence de la résilience.

courbe du changement appliquée au Covid-19

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Cette newsletter est éditée par Gustave Roussy, sous la direction éditoriale du Pr Fabrice Barlesi et avec la coordination du Dr Antoine Crouan.

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