Le cancer colorectal est à l’origine de 47 500 nouveaux cas chaque année en France [1]. Il s’agit de la 2e pathologie cancéreuse la plus fréquente chez la femme et la 3e chez l’homme. À l’annonce du diagnostic, plusieurs questions peuvent être posées à votre oncologue afin de mieux comprendre votre cancer, mais également pour connaître votre éligibilité à un essai clinique pouvant donner accès à des traitements innovants. À l’occasion de Mars Bleu, le Pr Michel Ducreux, chef du comité de pathologie digestive de Gustave Roussy, répond.
Connaître la localisation de son cancer et son étendu est primordial. Ces informations permettent de déterminer la gravité de la maladie, et elles sont utilisées pour définir son stade (de 1 à 4) grâce à un bilan d’extension. Ce stade influence directement la séquence thérapeutique, tout comme le type de cancer (adénocarcinome, sarcome...) et son grade (l’apparence des cellules cancéreuses), définis par l’examen de ces dernières au microscope. Un cancer colorectal peut prendre naissance et se développer soit dans le côlon, qui contribue à produire les matières fécales, soit dans le rectum, qui stocke et régule l'élimination des selles. Dans la majorité des cas, il s'agit d’un adénocarcinome, un type de cancer se formant à partir des cellules qui tapissent les parois du côlon et du rectum. Une tumeur bénigne, le polype, précède souvent le cancer colorectal.
Comme tous les cancers, le cancer colorectal peut se propager par le sang vers d’autres organes comme le foie, les poumons, les ganglions ou le péritoine. Une tumeur du rectum peut également atteindre le sacrum, la vessie et les parois du pelvis si elle est étendue.
Dans le cadre d’un cancer colorectal, il peut vous être proposé une chirurgie, une chimiothérapie, une radiothérapie, une thérapie ciblée ou encore une immunothérapie, en fonction des caractéristiques de votre tumeur ainsi que de sa gravité. Ces traitements peuvent être administrés isolément ou être combinés. Demander à votre oncologue les différentes options thérapeutiques qui s’offrent à vous permet d’apporter des éléments d’information importants, tels que les modalités d’administration, leur durée, et les potentiels effets secondaires auxquels s’attendre.
Lors de cet échange, vous pourrez mieux comprendre les résultats thérapeutiques attendus, et l'impact que vont avoir les traitements sur votre mode de vie et votre santé globale. Votre oncologue va se baser sur son expertise et l’avis d’un comité pluridisciplinaire de spécialistes (RCP) qui prend en compte les spécificités de votre maladie pour vous proposer le parcours de soin le plus adapté à votre situation.
Ces deux dernières décennies, la médecine de précision a fait d’importants progrès. Cette approche entend individualiser le parcours de soin de chaque patient, en lui prescrivant des thérapies ciblées ou des immunothérapies qui visent certaines mutations d’intérêt, appelées biomarqueurs. L’analyse ADN de votre tumeur peut permettre d’identifier si elle est porteuse ou non de biomarqueurs d'intérêt pouvant donner accès à un traitement adapté correspondant. Les principaux biomarqueurs d’intérêt dans le cancer colorectal concernent les mutations du gène KRAS, NRAS, et BRAF, ainsi que le statut MSI.
Le fait que vous soyez atteint d’un cancer colorectal suffit à augmenter le risque pour vos apparentés directs (parents, sœurs, frères, enfants) de développer ce même cancer, qui peut résulter de facteurs génétiques spécifiques. Ainsi, il est pertinent d’informer vos proches au premier degré (père, mère, frères et sœurs, enfants), afin qu’ils envisagent la réalisation d’une coloscopie, encore plus si votre cancer est diagnostiqué alors que vous avez moins de 50 ans. Votre oncologue peut aussi vous orienter vers une consultation d’oncogénétique qui pourra déterminer si votre tumeur est liée à un syndrome héréditaire, comme le syndrome de Lynch ou la polypose adénomateuse familiale. Une information qu’il est primordial de partager à vos proches.
Vous pouvez discuter avec votre oncologue de la possibilité de participer à une étude. Un essai clinique a pour but de faire progresser les connaissances scientifiques et médicales en santé. En cancérologie, ils sont majoritairement employés pour évaluer des nouvelles modalités de traitement. Il existe trois phases d’essais cliniques, et elles font l’objet d’un contrôle scientifique et éthique rigoureux. Dans tous les cas, vous recevrez le meilleur traitement standard disponible pour soigner votre cancer, même si on ne vous administre pas un nouveau traitement.
Prendre part à un essai clinique permet l’accès à des thérapies de dernière génération, parfois évaluées pour la première fois chez l’Homme.