Organisé du 25 au 30 avril à Chicago, le congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR) est un événement majeur dédié à la recherche scientifique et translationnelle en cancérologie. Il met en lumière les avancées qui transforment les découvertes en applications cliniques concrètes au bénéfice des patients. Aux côtés de l’ASCO et de l’ESMO, il figure parmi les temps forts de l’oncologie à l’échelle mondiale.
Cette année au congrès de l’AACR, les médecins et chercheurs de Gustave Roussy sont auteurs et co-auteurs de 49 présentations. Parmi elles, on dénombre 12 présentations orales (cinq sessions plénières, six minisymposiums et un late-breaking minisymposium), ainsi que 37 posters.
Parmi l'ensemble de ces présentations, cinq sont réalisées à l’oral par un expert de Gustave Roussy. Une présence qui témoigne de l’importance au niveau international de la recherche fondamentale et translationnelle en oncologie menée à l’Institut.
Ces travaux démontrent pour la première fois que les cellules cancéreuses présentant une mutation des gènes BRCA1/2 (comme c’est le cas par exemple dans certains sous-types agressifs de cancers du sein, de l’ovaire, de la prostate et du pancréas) ont besoin de l’enzyme ADAR1 pour survivre. Les résultats dévoilés au congrès de l’AACR indiquent que l’inhibition d’ADAR1 dans les cellules tumorales déficientes en BRCA1/2 déclenche une accumulation de dommages à leur ADN de laquelle résulte une réaction auto-immune toxique pour les cellules cancéreuses, conduisant à leur destruction. Cette découverte importante ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter les cancers mutés BRCA1/2 avec des médicaments ciblés inhibiteurs ou dégradeurs d’ADAR1 - ADAR1 synthetic lethality in BRCA1/2-mutant tumors defines autocrine interferon poisoning as a targetable vulnerability of cancer cells.
La transplantation de microbiote fécal d’un donneur sain à un patient atteint de cancer est une technique actuellement étudiée pour améliorer l’efficacité des immunothérapies antitumorales. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont établi que certains composants du microbiote renforcent les effets du traitement suite à une transplantation de microbiote fécal, quand d’autres ne le font pas. En cause ? La présence ou non d’un métabolite, appelé desaminotyrosine, qui joue un rôle dans la modulation du système immunitaire. Ces résultats suggèrent que modifier le microbiote intestinal pour augmenter la production de desaminotyrosine pourrait être une nouvelle stratégie pour améliorer l'efficacité des immunothérapies contre le cancer - Desaminotyrosine contributes to the anticancer effect of fecal microbial transplantation during immune checkpoint blockade in mice and patients.
Les antibiotiques compromettent l'efficacité des immunothérapies chez les patients atteints de cancer. Cependant, les mécanismes précis expliquant ces effets néfastes restent mal compris. Cette étude menée sur 626 patients grâce à une approche multi-omique montre que seuls les antibiotiques à large spectre, qui détruisent une grande variété de bactéries, aggravent les résultats cliniques. En perturbant les communautés microbiennes intestinales, les antibiotiques diminuent la diversité des espèces et favorisant la présence de microbes pouvant affaiblir le système immunitaire. La récupération des marqueurs de santé intestinale ont pris au moins 90 jours après l'arrêt des antibiotiques, soulignant le besoin d'interventions centrées sur le microbiote pour accélérer la récupération. Cependant, certains patients semblent mieux réagir malgré la prise d’antibiotiques, ce qui ouvre des pistes de recherche pour limiter leurs effets indésirables et mieux protéger les patients sous immunothérapie - Multipronged approach identifying new hallmarks of antibiotics-mediated immunosuppression in a prospective trial of cancer immunotherapy.
Chez les patients adultes, le cancer résulte souvent de changements cellulaires liés à l’inflammation chronique et à un système immunitaire affaibli. Pour mieux détecter les personnes à risque avant l’apparition de la maladie, les chercheurs ont analysé des marqueurs biologiques dans le sang et les selles de deux populations particulièrement à risques : les fumeurs atteints de maladies cardiovasculaires et les personnes porteuses d’une mutation génétique augmentant le risque de cancer. Ces travaux ont permis d'identifier 27 marqueurs biologiques capables de prédire le risque de développer un cancer. Ces marqueurs permettent de classer les patients en trois groupes de risque, ouvrant la voie à des programmes de dépistage plus personnalisés. Ces résultats montrent qu’une simple analyse sanguine pourrait, à l’avenir, aider à identifier plus tôt les personnes ayant un risque élevé de cancer, afin de mieux les surveiller et d’intervenir avant l’apparition de la maladie - Multiomic functional biomarkers for predicting the transition from inflammation to cancer.
L’étude présentée s’inscrit dans le Plan Médecine Génomique 2025. Ce programme vise à intégrer le séquençage ultra-performant du génome dans la prise en charge des cancers en France, afin d’analyser l’ADN tumoral, identifier des anomalies génétiques et proposer des traitements personnalisés. Depuis 2020, près de la moitié des prescriptions de ce programme concernent les cancers pédiatriques. Les résultats sont encourageants : dans 90 % des cas de rechute ou d’échec thérapeutique, une altération génétique exploitable a été détectée, permettant de recommander une thérapie ciblée pour 77 % des enfants et adolescents concernés. Afin d’assurer le progrès dans la médecine de précision, l’étude clinique MAPPYACTS 2, promue par Gustave Roussy, a été associée afin de suivre le devenir des patients après le séquençage, de développer des traitements de combinaison et permettre des recherches associées. Ce programme représente une avancée majeure vers une médecine plus personnalisée et adaptée aux cancers pédiatriques - Very high throughput genome sequencing for pediatric cancers in France.
Sessions plénières : Gustave Roussy également représenté
Les experts de Gustave Roussy sont également co-auteurs de cinq études faisant l’objet d’une présentation en session plénière :
En parallèle, le Pr Fabrice André, directeur de la recherche, anime une session Meet the Expert, la Pr Laurence Zitvogel préside une session éducative et la Pr Caroline Robert préside une session dédiée aux traitements néoadjuvants dans les tumeurs solides.